Les enseignes ont jusqu'à ce soir pour emboîter le pas aux géants H&M, Marks and Spencer, Benetton ou Zara et signer cet accord lancé par les syndicats internationaux. Un accord majeur pour l'association Éthique sur l'étiquette.
« (Il est) surtout à la fois transparent, contraignant, et indépendant, se réjouit Naïla Jaltouni, coordinatrice de l'organisation. Jusqu'à présent, aucune des mesures proposées par les marques ne rassemblait ces trois éléments qui nous permettent aujourd'hui de dire que c'est l'accord qui sera le plus efficace. Surtout, c'est un réel plan concret, qui demande aussi aux marques de mettre la main au portefeuille, pour garantir les rénovations des bâtiments nécessaires à la garantie de la sécurité de ces travailleurs. »
« Quarante euros par mois, c'est pratiquement de l'esclavagisme »
Toutes les fabriques du Bangladesh seront inspectées, de manière indépendante, et en présence des syndicats. Mais au-delà de cet accord, qui est un pas évident reconnaît Mathieu Debroux, le porte-parole de la Confédération syndicale internationale (CSI), il faudra impérativement revoir les conditions mêmes de travail des ouvriers au Bangladesh.
« Il faut absolument qu'il y ait une réforme du code du travail, pour qu'il y ait par exemple un salaire minimum augmenté considérablement. Il est normal que des marques qui emploient des travailleurs soient responsables de leur sécurité. Mais pas seulement. La façon dont ces gens-là peuvent vivre les concerne également. Or, 40 euros par mois, c'est pratiquement de l'esclavagisme. Elles sont responsables de ça aussi. Il va falloir agir, maintenant. »
Les marques en ordre dispersé
La liste complète des marques signataires doit être publiée ce mercredi à minuit, mais pour les syndicats, les signatures de l'américain Gap et de Carrefour feraient réellement la différence. Or, le distributeur français a pour l'instant seulement indiqué avoir l'intention de signer l'accord. Et Gap a fait savoir par sa porte-parole Debbie Mesloh que la marque avait lancé une initiative en interne en octobre 2012, pour améliorer la protection anti-incendie dans les usines auxquelles elle fait appel dans le pays. La marque a par ailleurs soumis aux promoteurs de l'accord une proposition qui limiterait la responsabilité juridique des signataires.
De la même manière, le géant américain de la distribution Wal-Mart Stores préfère de son côté se fier à ses propres inspections, et ne compte pas signer l'accord. L'enseigne a déjà entrepris d'inspecter les 279 entreprises qui la fournissent et entend terminer ses contrôles d'ici six mois. Elle a d'ores et déjà demandé au gouvernement bangladais de suspendre la production dans deux sites à problème.