Avec notre envoyée spéciale à Kuala Lumpur, Carrie Nooten
La tension monte en Malaisie. L'opposition souhaite mobiliser ses troupes pour contester les résultats des élections législatives de dimanche, mais le chef de la police a annoncé, ce mercredi matin, que tout rassemblement serait illégal, car qu'aucune autorisation n’a été demandée par Pakatan Rayak et son leader.
Depuis l’an dernier, la loi sur les assemblées pacifiques de 2012, décriée par les associations de droits de l’homme, oblige en effet à déclarer les rassemblements.
L'opposition maintient le rassemblement
Dans le camp de l’opposition, on explique qu’on est en train de négocier pour obtenir le feu vert d’ici ce soir. « Nous avons choisi un stade pour permettre à nos sympathisants de se rassembler afin qu'il (Anwar Ibrahim, ndlr) puisse expliquer les irrégularités de cette élection et indiquer ce qu'il compte faire », a déclaré Tian Chua, vice-président du Pakatan Rayak (PR, Pacte populaire). « Malgré l'interdiction de la police, le rassemblement aura lieu. Anwar sera là », a-t-il ajouté.
Reste que cette interdiction pourrait faire peur aux plus hésitants. Depuis hier, de nombreux messages intimidants circulent sur les médias sociaux. Et si les internautes les plus bravaches ne s’y trompent pas et ne se découragent pas, le reste des Malaisiens est extrêmement prudent et demeure influençable. Les gens de classe moyenne notamment, qui ont voté contre le Barisan Nasional, souvent pour la première fois, ne savent pas trop s’ils sont prêts à rejoindre Anwar Ibrahim au stade ce soir.
Facteur météorologique
Sans oublier le facteur météorologique : depuis le début du mois, des pluies tropicales s’abattent sur Kuala Lumpur tous les soirs.
Mais sur internet la mobilisation reste forte. Beaucoup, dont de nombreux jeunes, sont bien décidés à ne pas laisser mourir la démocratie, disent-ils, à ne pas se faire voler « leurs » élections, et encore moins sous la menace.
Reste qu’il faut se rappeler qu’à chaque provocation des autorités ces derniers mois, les manifestants sont deux fois plus nombreux.