Avec notre envoyée spéciale à Kuala Lumpur, Carrie Nooten
Un homme a joué un rôle-clé dans cette campagne : c’est le chef de l’opposition lui-même, Anwar Ibrahim. Les derniers sondages sont formels : ces dix derniers jours de campagne ont fait monter en flèche sa côte de popularité. À présent, elle dépasse même celle du pourtant apprécié Premier ministre, Najib Razak. Si sa coalition remporte les élections, cette légende politique pourrait bien être le prochain Premier ministre.
Anwar Ibrahim : du gouvernement à l'opposition
Anwar Ibrahim revient de loin. Figure brillante du parti au pouvoir dans les années 1980 et 1990, plusieurs fois ministre, Anwar Ibrahim dénonce la corruption rampante au gouvernement et le quitte en 1998. Il est alors accusé lui-même de corruption et frappé d’interdiction de participation à la vie politique en son nom propre.
Puis il est sali dans un scandale : on le soupçonnait d’actes intimes homosexuels, des faits lourdement punis en Malaisie, où l’islam est religion d’Etat.
Même s’il a été blanchi et libéré en janvier 2012, les analystes restaient sceptiques sur l’effet de son retour en politique. Mais le magazine Time avait raison, en le repérant en 2009 comme l’un des plus brillants hommes politiques d’Asie du Sud-Est.
La corruption, enjeu central du scrutin
En participant pour la première fois à un scrutin en son nom propre cette année, Anwar Ibrahim vient de parcourir le pays de long en large, en expliquant inlassablement que la Malaisie ne courrait pas à sa perte en cas d’alternance. « Nous avons gouverné cinq provinces ces cinq dernières années. C’est faux de dire que nous sommes fragiles ! Il est surtout temps de dire : Allez ! Nous devons mettre fin au racisme, au sectarisme religieux et à la corruption ! ».
Si le Pakatan Rakyat l’emporte, il devrait logiquement être choisi pour être Premier ministre. Si le Pakatan Rakyat échoue, ce qui est possible étant donné le mode de scrutin, il a déjà annoncé qu’il continuerait à soutenir l’opposition, mais se retirerait du devant de la scène.