Déjà, en 2008, la coalition du Barisan nasional avait perdu la majorité absolue. La crise économique de 2007, après des années de croissance, avait mis au jour les failles d’un système autoritaire et discriminant. Et le pays a encore changé. Plus de 2 millions de jeunes voteront pour la première fois le 5 mai.
« En 2013, la population a muri », explique Elsa Lafaye, professeure à l’université Paris 1. « Internet s’est beaucoup développé. Des sites internet de contestation beaucoup plus libres d’esprit et de ton sont apparus. Et cela, c’est la lame de fond que l’on voit derrière le scrutin et qui risque de renverser le Barisan nasional », estime la chercheuse. Le Barisan nasional « regroupe essentiellement trois partis : le parti malais, le parti chinois et le parti indien », décrit-elle.
Une fin possible de l'ethnicisme
Car toute la vie du pays est organisée sur des bases ethniques. C'est la bataille de l'opposition du Pakatan Rayat. Et c’est le principal enjeu du scrutin : « la remise en cause des droits spéciaux pour les Malais, qui sont inscrits dans la nouvelle politique économique depuis 1970 », explique Elsa Lafaye. Des droits « qui font que la loi, en Malaisie, favorise un groupe ethnique. En fait, c’est une loi raciste, et cela, ça risque d’être remis en cause si le Pakatan Rayat passe. Ce serait vraiment une révolution en Malaisie. »
Mais contre cette révolution, le pouvoir a des cartes en mains, notamment une campagne très courte et une presse écrite strictement contrôlée.