Avec notre envoyé spécial à Fusan, Stéphane Lagarde
Les destroyers AEGIS sud-coréens, japonais et américains ont les oreilles grandes ouvertes : ce ne sont plus deux mais plusieurs missiles qui ont été repérés sur la côte est de la Corée du Nord. Selon un haut responsable du gouvernement à Séoul cité par l’agence Yonhap, quatre ou cinq véhicules transporteurs d’engins balistiques ont été localisés dans la province nord-coréenne de Hamgyong. Elles s’ajoutent aux deux fusées grises à nez rouge « Musudan » déjà acheminées dans la province de Kangwon.
La possibilité d’un test de missile moyenne portée est donc « très haute » et « peut se matérialiser à tout moment à partir de maintenant », a fait savoir aux parlementaires le ministre sud-coréen des Affaires étrangères. Pendant ce temps-là, Pyongyang achève de refermer le rideau sur son territoire.
Pour la première fois, la Corée du Nord a en effet prévenu les représentations diplomatiques étrangères de se préparer a une attaque américaine, leur conseillant d’évacuer la capitale nord-coréenne d’ici au 10 avril. Cette même date butoir a été employée pour suspendre la production dans la zone industrielle de Kaesong et pousser ainsi au départ des personnels d’encadrements sud-coréens des usines.
Les Etats-Unis sur la défensive
Pour l’heure, Washington se refuse à toute évacuation de ressortissants de Corée du Sud, ce qu'avait conseillé également Pyongyang. Comme Paris, qui n'envisage pas de rapatrier les quelque 2 000 Français présents dans le pays.
« Il n’est pas envisagé d’évacuer nos ressortissants, ni de Corée du Nord ni de Corée du Sud », a indiqué Philippe Lalliot , porte-parole du Quai d’Orsay. « Nous sommes en contact avec nos principaux partenaires européens et américains, et nous partageons une position commune. Cela ne signifie pas que nous ne sommes pas préoccupés par les tensions suscitées par les déclarations coréennes. Nous suivons la situation avec la plus grande vigilance ».
Mercredi matin, les autorités nord-coréennes ont suspendu les visites des groupes de touristes chinois dans le pays. Cette phase ultime des préparatifs de lancement coïncide avec deux dates importantes : la visite vendredi à Séoul du secrétaire d’Etat américain John Kerry qui se rendra ensuite à Pékin, et l’anniversaire de la naissance de Kim Il-sung, fondateur de la République populaire et démocratique de Corée, le 15 avril.
Le commandement des forces américaines en Asie-Pacifique a annoncé mardi, que les États-Unis détruiraient tout missile susceptible d’atteindre le territoire américain ou celui d’un allié, mais qu’il n’intercepterait pas un engin ne présentant pas de menace immédiate. Une manière peut-être de laisser la porte ouverte à un test de missile nord-coréen non ciblé, permettant de négocier une sortie de crise.