Avec notre correspondant à Manille, Gabriel Kahn
Cette procession a été une nouvelle fois sanglante. Des dizaines de personnes se sont flagellées le dos alors qu’un homme jouant le rôle de Jésus sur le scénario classique de la Passion portait une vraie croix jusqu’au site d’une vraie crucifixion. Depuis 27 ans, c’est toujours le même homme qui joue le rôle du Christ : Ruben Enaje, un artiste peintre.
« C’est Dieu qui m’a donné la force et le courage de continuer. Comme je lui ai promis et que j’ai fait la prière de me crucifier par périodes de neuf années consécutives, j’ai dû le faire et il n’a jamais cessé de me soutenir », rapportait-il.
Ruben Enaje a été cloué sur une croix aux mains et aux pieds avec des clous de 5 cm de long puis déposé 15 minutes plus tard sur une civière avant de se faire désinfecter et bander. « C’est un jour très particulier pour moi car ce sera je l’espère la dernière fois que je me crucifie. Je me sens bien maintenant, seulement un peu nerveux car je redoute la peine infligée par les clous », confiait-il peu avant de monter sur sa croix.
Vingt-quatre autres volontaires ont suivi l’exemple de Ruben Enaje. Leur crucifixion a suscité l’excitation d’un public qui a atteint cette année quelque 5 000 personnes, surtout des touristes. Les crucifiés disent agir en réponse à des vœux, notamment pour guérir leurs proches.