Fukushima, deux ans après, la situation est toujours aussi catastrophique

Le 11 mars 2011, un tremblement de terre d’amplitude 9 sur l’échelle ouverte de Richter provoquait un tsunami qui a ravagé la côte est du Japon. La suite est connue : la centrale nucléaire de Fukushima, frappée de plein fouet par une vague haute de 15 mètres, a vu ses réacteurs s’emballer. Une catastrophe classée niveau 7, le maximum, sur l’échelle Ines (International Nuclear Event Scale), comme Tchernobyl. Deux ans plus tard, quelle est la situation sur place ? Les premières études le confirment : elle est catastrophique.

Une scène banale dans un jardin public de la ville de Fukushima : des lycéens prennent leur pause déjeuner, assis sur un banc. A côté d’eux, un détecteur. Il affiche en temps réel le niveau de contamination ambiant dans les espaces publics.

Si la vie semble bien reprendre son cours, la catastrophe nucléaire et ses effets sont dans toutes les têtes et imprègnent le quotidien des habitants. Ainsi, les autorités ont par exemple retiré cinq centimètres de terre dans les zones les plus fortement contaminées par les radio-nucléotides. Une mesure qui permet de baisser sensiblement les taux de radiation. Mais pourtant, malgré ce type de méthode, les sorties en plein air sont toujours limitées. En conséquence, la préfecture de Fukushima a le taux d’obésité chez les enfants le plus élevé de tous le Japon, en raison du manque d’activité physique.

Mais cette menace invisible ne touche pas que l’homme. La pollution se répand dans tout l’est du pays, portée par les vents, drainée par les cours d’eau. Les scientifiques s’alarment ainsi de voir le lac de Kasumigaura, le deuxième plus grand du pays, situé à 160 km au Sud de Fukushima, se charger de la radioactivité que lui apportent ses affluents. Problème : ce lac n’a aucun moyen de communication avec l’océan et ne peut donc s’en décharger, et surtout, c’est une source d’eau potable pour 960 000 personnes.

Un écosystème complètement perturbé

La radioactivité ne se trouve pas que dans l’eau, elle est partout, dans la terre, l’air, les arbres et les plantes. Ce qui entraîne un phénomène vicieux : le césium 137, un des éléments dispersé lors de la catastrophe, a une demi-vie de 30 ans. C’est-à-dire que la moitié de son stock diminue de moitié tous les 30 ans. Mais, les arbres, et notamment les cèdres et les cyprès qui parsèment les collines de l’Est japonais ont une très grande affinité avec ce césium 137. Ces forêts ont ainsi capté près de 60 % de cet élément radioactif qui leur est tombé dessus au gré des vents. Autant de pollution qu’on ne retrouve pas dans l’air, en ce moment, mais qui ressurgira au moment où ces arbres perdront leurs épines, d’ici à cinq ans. Au total, on estime que ce sont 1 500 km² de terres qui sont fortement contaminées.

Le Pacifique n’a pas fini de souffrir

La radioactivité se déplace en suivant principalement les cours d’eau, il est donc tristement logique de voir que la côte Est du Japon, au bord de l’océan Pacifique est elle aussi très durement touchée, et pour longtemps. Déjà, au moment de la catastrophe il y a deux ans, ce sont 80 % des rejets radioactifs qui se sont abîmés dans l’océan. Au large, la pollution s’est rapidement diluée, mais ce n’est pas la même histoire sur la côte. On y a bien observé une chute rapide des taux de radiation quelques mois seulement après la catastrophe, mais ceux-ci, au lieu de continuer à diminuer, se sont stabilisés, preuve que la pollution se poursuit.

Trois raisons expliquent ce phénomène : la centrale continuerait à fuir, les cours d’eau lessivent les sols et charrient des éléments radioactifs jusqu’à l’océan ; et surtout, du césium aurait été piégé dans les fonds marins, contaminant toute la chaîne alimentaire. On a ainsi retrouvé trois thons rouges irradiés. Ils ont été pêchés au large de la Californie, 9 000 kilomètres plus loin. A proximité de Fukushima, sur terre ou dans l’océan, la faune et la flore ne sont pas au bout de leur peine.

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