Avec notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias
Un séisme d’origine artificielle a été détecté ce mardi matin à 11 heures 57, heure de Séoul. Les secousses ont été ressenties jusque dans les provinces chinoises frontalières.
Selon les premiers rapports américains et sud-coréens, l’épicentre se trouvait sur le site d’expérimentation de Punggye-ri, au nord-est du pays, à un kilomètre de profondeur. L’armée sud-coréenne a estimé que la puissance de l’engin se situait entre 6 et 7 kilotonnes - soit la moitié de la puissance de la bombe d’Hiroshima.
Si ces chiffres sont confirmés, ils indiquent que la Corée du Nord a fait bien mieux que lors de ses deux précédentes explosions nucléaires de 2006 et 2009, dont la puissance était plus faible.
On ne sait pas encore s’il s’agit d’une bombe au plutonium ou à l’uranium, mais cela peut être considéré comme une réussite pour le régime, qui n’a donc pas cédé aux pressions conjointes ces dernières semaines, des Etats-Unis, de la Corée du Sud, et de son allié chinois.
L’armée sud-coréenne a immédiatement réagi en augmentant d’un cran le niveau de sa posture de défense. Le gouvernement a convoqué d’urgence une réunion de son conseil national de sécurité pour faire le point. Le ministre des Finances a aussi organisé une réunion pour évaluer l’impact économique, sur les marchés, de l’essai nucléaire nord-coréen.
C’est « une violation évidente et grave » des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, a déclaré Ban Ki-moon, son secrétaire général. La Corée du Sud dirigeant ce mois-ci la présidence du conseil de sécurité de l’ONU, une réunion aura lieu dès ce matin à New York.
Si aucune sanction n’a encore été évoquée officiellement, Séoul et Washington ont mentionné la semaine dernière la possibilité de geler davantage les transactions financières du régime de Pyongyang, et de renforcer le contrôle des bateaux nord-coréens transportant des cargaisons suspectes. Des mesures visant à limite les risques de prolifération nucléaire. La Russie a aussi condamné l’essai, et le Japon l’a qualifié « d’extrêmement regrettable ».
Ces condamnations sont d’autant plus fortes que la puissance de l’explosion a été supérieure à celle des deux précédents essais, et que les médias officiels du Nord ont affirmé avoir réussi à « miniaturiser » une tête nucléaire. Depuis le tir réussi d’une fusée par le régime en décembre dernier, les inquiétudes au sujet du programme nucléaire nord-coréen sont plus vives que jamais.