Dans la presse chinoise, la grogne monte contre la censure

En Chine, les journalistes d’un grand quotidien du Sud ont repris le travail. Depuis le lundi 7 janvier, les rédacteurs du journal Nanfang étaient en grève contre les articles imposés par la propagande. Et depuis… la grogne est remontée dans le nord. Les Nouvelles de Pékin ont été contraintes de publier un article pro-censure. Résultat : le rédacteur en chef a annoncé sa démission oralement. Son nom ainsi que le titre de ce quotidien de la capitale ont disparu des moteurs de recherche.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

En Chine, la lutte contre la censure se niche souvent à l’intérieur même des journaux. Aujourd’hui, c’est en page 20 des Nouvelles de Pékin. Il faut bien chercher, tout en bas du journal, dans un minuscule encadré. Le quotidien, qui est l'un des plus lus de la capitale chinoise publie ce mercredi un article pro-censure du très nationaliste Huanqiu Shibao.

Ce même article devait figurer dans l’éditorial d’hier, il aura finalement été réduit à quatre petits paragraphes noyés au milieu du journal mais les rédacteurs sont contrariés : « Nous avons été convoqués cette nuit à 1 h du matin, et même en petit, l’article figure quand même dans notre édition du jour », nous a confié l’un des rédacteurs des Nouvelles de Pékin ce matin sous couvert d’anonymat. Avant d’ajouter : « Le moral de la rédaction est au plus bas ».

La résistance pourtant se poursuit, car un autre article, mieux exposé, lui, nous parle d’un plat roboratif de l’hiver chinois… un plat qui nous vient du sud : la « bouillie de riz » qui en mandarin se dit « Nanfang de Zhou »… Allusion évidente au Nanfang, le nom du quotidien du sud d’où est parti la grogne en début de semaine dans un contexte de censure renforcée notamment sur l’internet. « La bouillie de riz nous réconforte et nous permet de nous aimer » lit-on à la fin de cet article, et donc de se regarder dans la glace quand on fait le métier de journaliste en Chine.

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