Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Ce n’est plus une ouverture mais une plongée dans le capitalisme que s’apprête à réaliser l’ancien journal des gardes rouges. Avec l’entrée en bourse de son site internet le 18 avril prochain, le quotidien espère lever plus de 63 millions d’euros. Une somme qui sera en partie réinjectée dans la modernisation d’un site créé il y a 16 ans et qui n’a pas encore réussit à convaincre au delà de son électorat traditionnel.
« Le prestige et la puissance proviennent du peuple », indique aujourd’hui la bannière sur le site du journal. Or en réalité cela fait longtemps que le Quotidien du peuple est devenu le quotidien de l’élite communiste. 80% des lecteurs appartiennent à une administration publique certes pléthorique mais loin de représentée l’ensemble de la population, à commencer par les plus jeunes.
Organe officiel du PCC depuis août 1948, ce dernier n’a guère évolué dans le style. . La plume de bois des éditos d'un « journal qui n’a jamais tort », comme l’ont surnommé certains internautes, a désormais bien du mal à résister à un univers médiatique très concurrentiel qui comptait en 2008 plus de 9 500 titres, magazines et journaux compris.
Le Quotidien du peuple, combien de clics ? « Le nombre de visiteurs n’est pas notre critères pour évaluer le travail », disait encore il y a peu le vice président du site internet Liao Hong. Les chats sur le site du journal organisés depuis 2010 avec le président Hu Jintao et le premier ministre Wen Jiabao n’ont pas eu le succès escompté.
Cette privatisation partielle doit ainsi permettre de gagner des lecteurs. Elle devrait rapidement être imitée par les sites de l’agence Chine Nouvelle annoncée depuis 2012 et de CCTV selon le quotidien du Sud (Nan Fang ribao). « Espérons que les actionnaires pousseront le Quotidien du Peuple à… produire de l’information », plaisante ce vendredi 6 avril un internaute répondant au pseudo de « Likiac » sur le réseau Weibo (Twitter à la chinoise).
En réalité, le pouvoir garde le contrôle. Seule une minorité du capital est en effet proposée aux actionnaires.