Pékin durcit encore le ton face aux immolations

En Chine, deux jeunes Tibétains se sont à nouveau immolés pour protester contre la domination chinoise, rapporte ce mardi 11 décembre un groupe de défense des droits de l’homme basé à l’étranger. Des accusations que les médias officiels en Chine renvoient sur le chef spirituel des Tibétains. Le Quotidien du Peuple accuse ainsi le Dalaï Lama d’avoir transformé le bouddhisme tibétain en « culte du mal ».

Avec notre correspondant en Chine, Stéphane Lagarde

Quand le Parti communiste chinois évoque le diable, c’est vraiment que la situation est hors de contrôle. La rhétorique est connue, voilà maintenant des années que les autorités chinoises accusent la « clique » du Dalaï Lama d’être derrière l’embrasement des plateaux tibétains. Le Quotidien du Peuple va même plus loin aujourd’hui : « Le 19 octobre de l'année dernière, le Dalai Lama a organisé une prière pour les immolés […] Pourquoi dans ce cas, les chefs du gouvernement tibétain en exil ne s'immolent pas eux aussi », feint de s’interroger l’organe officiel.

Mesures répressives

Ce durcissement de ton s’accompagne de mesures répressives. Toute personne qui serait convaincue d’avoir aidé ou incité un Tibétain à s’immoler par le feu sera poursuivie pour « homicide volontaire », ont répété cette semaine les cadres du comité du parti du Qinghai selon le quotidien de la province.
Dimanche, la police du Sichuan a inculpé un moine et son neveu, accusés d’avoir poussé huit personnes à s’immoler, selon l’agence Chine nouvelle. Des primes sont également distribuées à ceux qui dénoncent les personnes qui « encouragent » au passage à l’acte, ce qui pour l’instant n’a pas freiner l’épidémie de suicides bien au contraire.

Le cap symbolique des 100 immolations

Samedi, Kunchok Pelgye, un moine âgé de 24 ans a mis le feu à ses vêtements dans la province du Sichuan. Pema Dorjee, 23 ans, a fait de même dans le Gansu voisin affirme l’organisation Campaign for Tibet, basée à Londres, ce qui porterait à 95 le nombre de ceux qui ont tenté de se suicider par le feu depuis 2009. Selon l’écrivain dissident Tsering Woeser, le cap symbolique des 100 immolations aurait même déjà été dépassé. Une vague de gestes désespérés destinés également à faire changer d’approche la nouvelle équipe au pouvoir et qui prendra pleinement ses fonctions en mars 2013. Le ton de la presse officielle chinoise ne laissant pour l’instant présager d’aucun changement dans une région considérée par Pékin comme faisant partie des intérêts vitaux de la Chine.

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