Avec notre correspondante à Moscou, Veronika Dorman
« On ne m’a toujours pas dit quel était ce secret que je détenais. » C’est ce qu’a déclaré Valentin Danilov à sa libération. Directeur du Centre de physique thermique de l’Université de Krasnoïarsk, il est accusé en 2001 par les services secrets de travailler pour les Chinois. Son crime présumé : avoir transmis des informations secrètes sur des technologies satellitaires et détourné la modeste somme de 12 000 euros.
A l’époque, le procès de Danilov est très médiatisé, dénoncé par les défenseurs des droits de l’homme et la communauté scientifique. Selon eux, les prétendus secrets d’État avaient été déclassifiés depuis la chute de l’URSS et relèvent du domaine public. Le physicien, qui a toujours clamé son innocence, n’aurait tout simplement pas dû être poursuivi.
Cette libération advient au lendemain de l’adoption par la Douma d’une loi sur l’espionnage et la haute trahison, dont les définitions ont été élargies. Elle fait craindre aux défenseurs des droits de l’homme une nouvelle vague d’arrestations, semblable à celle qui a couté, au début des années 2000, sa liberté à Danilov.