Avec notre correspondante à Québec, Pascale Guéricolas
La vie de Jeffrey Paul Delisle, 41 ans, semble à priori très ordinaire. Ce sous-lieutenant de l’armée canadienne travaille dans un centre de communications et de renseignements, chargé de surveiller le déplacement des navires et sous-marins qui entrent et sortent de la zone maritime canadienne.
Sauf qu’en 2007, il se présente à l’ambassade russe du Canada. Le militaire offre ni plus ni moins que ses services d’espion. Pendant cinq ans, il vend aux Russes des informations téléchargées depuis son ordinateur de travail.
Le Centre de communications, basé en Nouvelle-Écosse, qui emploie le sous-lieutenant, regroupe des renseignements stratégiques pour plusieurs pays de l’Otan, notamment les Etats-Unis et l’Australie.
Après plusieurs années d’espionnage, Delisle veut arrêter. Quelques jours plus tard, il reçoit par courriel la photo d’une de ses filles sur le chemin de l’école. Le militaire comprend le message et continue à transmettre les données à la Russie.
Ses motivations demeurent pour l’instant mystérieuses. Le sous-lieutenant invoque des raisons idéologiques, mais son compte en banque montre que son divorce désastreux l’a laissé au bord de la banqueroute. Sauf que son salaire mensuel d’espion d’environ 2000 euros semble peu élevé.