Difficile pour un Bob Dylan vietnamien de faire carrière : dans deux de ses chansons, Viet Khang évoquait l'an dernier des questions sociales et dénonçait la répression par la police de militants antichinois. Résultat : les autorités communistes l'arrêtent avec un autre auteur-compositeur, Tran Vu Ahn Binh. Le chef d'accusation, « propagande contre l'Etat », leur vaut aujourd'hui plusieurs années de prison. Mais il ne tient pas, selon leur avocat Tran Vu Haï :
« Viet Khang reconnaît que les deux chansons incriminées ont des contenus antichinois et antigouvernementaux. Cependant, en tant qu’avocat, je considère que toutes les chansons du duo n’ont pas le même contenu que les deux citées, et même les experts du tribunal ne sont pas arrivées à des conclusions claires. Viet Khang a critiqué l’attitude du gouvernement vis-à-vis des manifestants antichinois dans l’une des deux chansons. Or, critiquer n’est pas un acte antigouvernemental. Le gouvernement n’est pas exempt d’erreurs et il a lui-même reconnu en avoir commis contre les manifestants. On ne peut pas donc accuser Viet Khang de propagande contre l’Etat sur la base de ces deux chansons. »
Mais cette accusation est régulièrement utilisée par le gouvernement pour arrêter manifestants et militants anti-corruption, qui peuplent aujourd'hui les prisons vietnamiennes. Le mois dernier, trois célèbres bloggeurs avaient ainsi été condamnés à des peines allant jusqu'à douze ans de réclusion. L'Union européenne avait alors rappelé qu'« exprimer son opinion [était] un droit fondamental ». La chanter aussi.