« Les citoyens ont le droit à la liberté d'expression ». À peine Nguyen Van Hai avait-il prononcé ces mots que le son de la retransmission du procès était coupé.
Un procès qui n'a duré que quelques heures, et qui s'est soldé par des peines très lourdes : douze ans de prison pour Nguyen Van Hai, qui avait déjà été condamné à deux ans et demi de détention pour fraude fiscale, dix ans pour l'ex-policière Ta Phong Tan dont la mère, désespérée, s'était immolée par le feu en juillet dernier, ce qui avait amené l'administration américaine à demander la libération des trois militants.
Phan Thanh Hai, lui, a pris quatre ans. C'est le seul à avoir plaidé coupable. Tous étaient accusés d'avoir publié des articles sur le site interdit « Club des journalistes libres » et sur leur propre blog, dénonçant la corruption, l'injustice et la politique étrangère de Hanoï.
Le juge, lui, y a vu des articles « qui noircissaient les dirigeants et critiquaient le parti, détruisant la confiance du peuple en l'Etat ». Et il a interdit à Nguyen Van Hai et Ta Phong Tan de prendre la parole à la fin du procès, les accusant d'avoir été une source de désordre pendant l'audience.
Mais Ta Phong Tan a quand même eu le dernier mot. Lorsque la police l'a escorté jusqu'à une voiture garée devant le tribunal, on pouvait très clairement l'entendre hurler « Objection ! ».