De notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
On pouvait encore apercevoir des portraits de Mao devant l’ambassade du Japon à Pékin ce matin, manière de réclamer davantage de fermeté de la part du gouvernement chinois sur cette question des îles Diaoyu-Senkaku. La nouveauté du jour ce sont, racontent certains manifestants, ces SMS envoyés par la police demandant, je cite « d’exprimer rationnellement et pacifiquement son patriotisme ».
Les mots « Liangmaqio » et « Liangmaqio lu », le nom de l’avenue qui mène à l’ambassade du Japon dans la capitale, sont désormais censurés sur les principaux moteurs de recherche. En province, certains lieux sont interdits aux rassemblements. A Xi’an, par exemple, dans la province du Shaanxi, les appels à manifester via les portables ou internet sont également prohibés. Ces mesures dissuasives n’empêchent pas les défilés.
Il paraît difficile, en effet, d’arrêter une telle flambée nationaliste, alors que pendant plusieurs jours, les autorités ont donné leur accord tacite aux manifestants. A Changs, dans la province du Hunan au Sud du pays, les organisateurs disaient ce matin attendre 10 000 personnes.
Beaucoup de monde était également attendu à Shenyang (ancienne ville de Moukden dans le nord-est) où les sirènes ont retenti ce matin pour commémorer le triste anniversaire de l’attaque d’une voie ferrée de la société japonaise des chemins de fers de Mandchourie du Sud. Un attentat probablement planifié par les Japonais eux-mêmes et qui a déclenché l’arrivée des troupes nipponnes en Mandchourie il y a 82 ans.
Les pêcheurs donnent l'assaut
En parallèle à ces événements sur le continent, deux Japonais ont débarqué sur l’un des îlots disputés. Ce qui ne va pas sans déclencher l'ire de Pékin. Pour l’instant, les sites des médias officiels chinois se gardent d’en faire des tartines pour éviter de jeter de l’huile sur le feu. Mais, déjà les commentaires débordent sur la toile.
Ce nouvel incident revient à « mettre du sel dans la plaie de la Chine » a ainsi affirmé sur Twitter, Hu Xijin, le rédacteur en chef du très nationaliste Huanqiu Shibao. A Taïwan où l’information est moins censurée, une centaine de pêcheurs ont réagi à la provocation en annonçant qu’ils souhaitaient mettre le cap samedi pour les îles de la discorde. Un geste qui ne fait rien pour apaiser les tensions alors que la dispute en mer de Chine orientale risque de coûter 340 millions de dollars aux échanges bilatéraux selon l’agence Bloomberg.
Après Canon, Panasonic et Nissan, Toyota indique ce mardi que ses usines en Chine resteront fermées toute la journée. Le ministre chinois de la Défense a de son côté déclaré se réserver le droit de prendre des mesures supplémentaires dans son bras de fer avec le Japon.