De notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
« Who’s Hu ? » titrait, il y a dix ans la presse anglophone, lorsque Hu Jintao, encore inconnu du grand public, accédait au poste de secrétaire général du Parti communiste chinois. Rebelote aujourd’hui avec son successeur pressenti : « Where is Xi ? », où est passé Xi Jinping se demandent les commentateurs ? Voilà en effet dix jours que le vice-président chinois et très probable futur numéro un du pays a disparu des photos officielles.
Mal de dos ?
La dernière photo remonte au 1er septembre dernier. On y voit Xi Jinping participer à la rentrée des classes des cadres de l’école du Parti à Pékin. Depuis, plus de nouvelles ! Et surtout, trois rendez-vous annulés en une semaine ! La nature ayant horreur du vide, le moulin à rumeur s’emballe.
M. Xi étant plus corpulent que son prédécesseur, certains internautes se demandent s’il ne s’est pas fait mal au dos à la piscine, au golf ou sur un terrain de football. Le quotidien de Hong Kong Apple Daily affirmait ainsi hier lundi que le vice-président se trouvait à l’hôpital militaire 301 de Pékin. Le site dissident Boxun basé aux Etats-Unis évoque même l’hypothèse d’un accident de voiture avant de se raviser et parler d’un surcroît de travail lié à la préparation du XVIIIe Congrès du PCC (Parti communiste chinois).
La thèse des problèmes de santé prévaut donc aujourd’hui, même si dans un régime qui entretient l’opacité sur la vie de ses dirigeants, le moindre geste est observé à la loupe et interprété à l’aune du grand rendez-vous politique de l’automne, crucial pour le renouvellement de l’élite dirigeante.
Opacité sur la vie des dirigeants
Des sources ont ainsi confié à l’agence Reuters que le vice-président Xi aurait rencontré récemment Hu Deping, le fils de Hu Yaobang qui s’était opposé à la répression du mouvement de Tiananmen en 1989. Ce qui pourrait être le signe d’une volonté de réformes politiques chez le probable futur secrétaire général du Parti.
Même chose d’ailleurs, aux échelons inférieurs, lorsque Wang Yang rend pour la première fois hommage à « l’esprit de Mao ». Le chef du Parti communiste de la province du Guangdong est considéré comme un libéral. On l’a vu récemment en train de déposer des fleurs sur la statue de Mao, raconte le quotidien Nanfang Ribao, peut-être une manière de séduire l’aile conservatrice du Parti. Toutes les interprétations sont permises dans ce genre de cas et un anodin « mal de dos » peut apparaître comme une faiblesse politique.
Une chose est sûre, rien n’arrête la rumeur et surtout pas la censure. Comme tous les dirigeants chinois, le nom du vice-président est censuré sur les principaux moteurs de recherche. En juillet dernier, l’internet chinois annonçait la mort de Jiang Zemin. Mais aux dernières nouvelles, l’ancien président chinois était toujours vivant.