Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
La démocratie embryonnaire de la Birmanie se met en place. La lutte de pouvoir entre le gouvernement et le Parlement est sans doute un signe positif de ce qu’un jeu institutionnel véritable existe. A l’origine de la tension, un arrêt de la Cour constitutionnelle statuant que les comités parlementaires n’ont pas le droit de remettre en cause les amendements aux lois effectués par l’exécutif ni de convoquer des ministres pour les questionner.
La chambre basse a vivement réagi à ce qu’elle a perçu comme une tentative de limiter ses pouvoirs. Les deux tiers des députés - ceux du parti d’Aung San Suu Kyi comme ceux du parti gouvernemental - ont voté la destitution des neuf juges constitutionnels, lesquels ont ensuite démissionné.
Derrière ce jeu des institutions se profile une rivalité entre deux des hommes forts du pays, le président Thein Sein et le président de la chambre basse Thura Shwe Mann.
Général à la retraite, réputé corrompu et ambitieux, Shwe Mann tente de se refaire une virginité et de se présenter comme le défenseur des libertés parlementaires. La démission des juges constitutionnels est pour lui une première victoire sur son rival.