La Corée du Nord réagit face aux attaques d’un groupe minier chinois

L’agence officielle nord-coréenne KCNA a vivement réagi mercredi 5 septembre aux déclarations du groupe Xiyang qui affirme avoir perdu plus de 30 millions d’euros en Corée du Nord. Après sa mésaventure, le consortium minier chinois s’est répandu dans la presse estimant que les investissements dans le pays le plus fermé de la planète relevaient du « cauchemar ». Pour l’agence de presse nord-coréenne KCNA, ce sont au contraire les Chinois qui n’auraient pas respecté leurs « engagements ».

Avec notre envoyé spécial à Tumen, à la frontière sino nord-coréenne, Stéphane Lagarde

« La Corée du Nord est un Etat voyou », un pays où les affaires tournent au « cauchemar ». Voilà ce que déclarait l’un des cadres du groupe Xiyang à RFI il y a deux semaines.

Ces propos de l’un des plus gros investisseurs chinois dans le pays ont provoqué l’ire de Pyongyang. L’économie nord-coréenne reste très dépendante de la Chine voisine, et la moindre allusion au manque de développement peut froisser la susceptibilité des Nord-Coréens, affirment la plupart des hommes d’affaires rencontrés dans la province de Jilin, au nord-est du pays.

Echange inégal

« Les gros investissements en Corée du Nord demeurent risqués, pas un seul aujourd’hui ne rapporte de l’argent », confie Choi Jong-il dans un sourire embarrassé. Ce dernier est le responsable de l’une des plus grandes compagnies d’Etat chinoises, importatrice de poudre de fer nord-coréenne basée à Tumen (Nord-Est), juste en face de la Corée du Nord.

Derrière son grand bureau de directeur, M. Choi veut aujourd’hui relativiser le « cauchemar » qu’affirme avoir subi le groupe Xiyang : « Il y avait un problème dès la signature du contrat, explique t-il. L’accord était inégal dès le départ puisqu’il prévoyait que 75% du chiffre d’affaires devait revenir aux Chinois et 25% aux Nord-Coréens. Or, il faut un rapport de maximum 60/40 pour l’investisseur, ce n’était pas le cas ici. »

Avertissement

Selon un membre de la commission nord-coréenne pour la coopération et l'investissement, cité par l'agence de presse officielle KCNA, le groupe minier chinois « n’a honoré que 50% de ses obligations en matière d’investissements bien que quatre ans se soient écoulés depuis l’entrée en vigueur du contrat ».

Une affaire qui vaut en tous cas avertissement pour les entrepreneurs chinois, alors que Pékin entend promouvoir les investissements privés en Corée du Nord. Attirés par une main d’œuvre meilleure marché, certains se risquent dans un pays où les projets demeurent risqués malgré les promesses de réformes économiques annoncées par Pyongyang depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un.

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