Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Ce retour en Chine n’entre pas dans le cadre d’une demande d’extradition. « De son plein gré », c’est en effet ce qu'a affirmé le chef de la police nationale cambodgienne. C’est aussi ce qu’avait annoncé ce mardi le ministre cambodgien de l’Information, Khieu Kanharith, dans un message écrit au Cambodia Daily.
C'est enfin ce qu'a déclaré le ministère des Affaires étrangères français ce mercredi : « M. Devillers nous a fait part, à plusieurs reprises, de son souhait de se rendre volontairement en Chine pour collaborer avec la justice chinoise. »
Toute la question est maintenant de savoir quel accord a été passé entre l’intéressé et les autorités chinoises qui ont changé de ton la semaine dernière. Cette fois, Pékin parlait « d’invitation » adressée à l’architecte français qui serait donc invité à venir s’exprimer sur un crime commis en Chine. Devillers a-t-il obtenu une immunité en échange ? La question reste, pour le moment, sans réponse.
« Manquement au règlement du Parti »
Le crime évoqué par les Chinois, c’est l’affaire Bo Xilaï. Le Français est un ami de la famille Bo Xilaï, l’ancien secrétaire du Parti communiste de la ville de Chongqing, une figure politique très importante, jusqu’à sa destitution en mars dernier.
L’architecte français était un proche de Gu Kailaï, l’épouse de ce dirigeant soupçonnée dans le cadre d’une affaire de meurtre. C’est une affaire très opaque comme tout ce qui touche au sommet du Parti. Bo Xilaï fait partie du clan des conservateurs. Il a été accusé officiellement de manquement au règlement interne du Parti, expression qui, dans le jargon officiel, est souvent synonyme de corruption.
Il a disparu avec ses proches au lendemain de l’Assemblée nationale populaire en mars dernier. Des sites d’opposants en exil le disaient ce mardi hospitalisé à Pékin. On attend toujours par ailleurs le procès de son ex-bras droit, l’ancien chef de la police de Chongqing, Wang Linjun.
Il était annoncé initialement pour la fin du moins de juin. C’est dans ce cadre que devrait s’exprimer Patrick Henri Devillers, lequel a passé plus d’un mois en rétention au département de l’immigration à Phnom Penh, après avoir été arrêté le 13 juin dernier dans un restaurant de la capitale cambodgienne.