Aide à l'Afghanistan : 16 milliards de dollars débloqués à Tokyo malgré la crise

Lors d'une conférence internationale organisée ce dimanche 8 juillet 2012 au Japon, les représentants de 80 bailleurs de fonds soutenant l'Afghanistan se sont engagés à apporter au total 16 milliards de dollars à ce pays d'ici à 2015, après le départ des forces de l'Otan. Pourtant, plus de dix ans après avoir renversé le régime des talibans, de nombreux pays donateurs ne cachent pas une certaine lassitude à mettre la main au portefeuille, face à un conflit enlisé et à un gouvernement afghan accusé de corruption endémique.

Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles

Si cette conférence d'aide civile pour l'Afghanistan s'est tenue à Tokyo, ce n'est pas un hasard. Le Japon reste l'un des tout premier pays créditeurs au monde, en dépit de sa dette colossale. Et les Etats-Unis tiennent à ce qu'il continue de soutenir financièrement l'Afghanistan, d'autant plus qu'il n'a pas envoyé de soldats dans ce pays.

Le Japon s'engage à lui seul à fournir 3 milliards de dollars à l'Afghanistan. C'est beaucoup, par rapport aux 230 millions d'euros promis par la France. Les Etats-Unis savent qu'ils peuvent moins compter sur les pays de la zone euro, en pleine crise financière, pour soutenir l'Afghanistan.

Les ONG craignent qu'un désengagement financier des pays donateurs ne détruise les progrès enregistrés depuis dix ans, en terme d'espérance de vie, de mortalité infantile ou encore de scolarisation.

Ce sentiment est partagé par Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies. Car il y a une fatigue des pays donateurs envers l'Afghanistan. Le gouvernement afghan, disent-ils à Tokyo, doit organiser des élections crédibles et lutter contre la corruption, en échange du maintien leur aide à ce pays.

Entre les promesses, les engagements financiers pris par les Etats, et la réalité, il y a toujours une différence. Les pays de l'Otan sont très endettés et ne peuvent plus justifier de nouveaux versements à l'Afghanistan lorsque le taux de chômage en Europe est en forte hausse.

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