Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Les autorités birmanes emploient les grands moyens pour tenter de reprendre le contrôle de la situation. Des troupes ont été dépêchées sur place par avion et plusieurs vaisseaux militaires patrouillent les fleuves et l’espace maritime près des côtes. Le couvre-feu imposé de six heures du matin à six heures du soir semblait avoir permis de rétablir un certain calme, dimanche, après 48 heures de troubles. Mais les autorités ont décidé de placer sous état d'ugence la totalité de l'Etat, une situation qui garantit aux militaires des pouvoirs accrus. Il est désormais interdit de se rassembler, de prononcer des discours, ou encore de défiler.
A l’origine des tensions, le viol et le meurtre fin mai d’une jeune femme bouddhiste attribué à des musulmans. Début juin, des centaines de bouddhistes, croyant avoir repéré des suspects, ont tué dix pèlerins musulmans. Cet incident a provoqué la colère des musulmans locaux, appelés les Rohingysas : après la prière du vendredi, ils ont saccagé et brûlé des centaines de maisons et de commerces appartenant à des bouddhistes.
Des policiers sont intervenus, mais, d’après les médias birmans, ils se sont contentés de tirs de sommation. Ces mêmes médias ont lancé, durant le week-end, un appel à l’apaisement, mettant en garde contre une dérive anarchique.
Les musulmans de l’Etat d'Arakane, originaire d’Asie du Sud, ont été amenés en Birmanie comme ouvriers agricoles par les Britanniques pendant la période coloniale. Ostracisés après l’indépendance, ils n’ont jamais été reconnus comme citoyens birmans.