Birmanie : état d'urgence décrété sur la totalité du territoire de l'Etat d'Arakane

Le gouvernement de Birmanie tente d’apaiser les tensions interreligieuses dans l’Etat d'Arakane dans l’ouest du pays, après deux jours d’émeutes qui ont causé la mort d’au moins sept personnes et une vingtaine de blessés. L’armée a été déployée dans la région ; un couvre-feu y a été imposé, mais quelques heures après, l'état d'urgence a été décrété, donnant plus de pouvoir aux militaires. Les violences ont commencé vendredi 8 juin juste après la prière quand des centaines de musulmans se sont répandus dans les rues de la ville. Les relations entre les bouddhistes, qui forment la majorité de la population de cet Etat, et les musulmans sont exécrables depuis des décennies, mais c’est la première fois qu’elles débouchent sur de tels affrontements.

Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus

Les autorités birmanes emploient les grands moyens pour tenter de reprendre le contrôle de la situation. Des troupes ont été dépêchées sur place par avion et plusieurs vaisseaux militaires patrouillent les fleuves et l’espace maritime près des côtes. Le couvre-feu imposé de six heures du matin à six heures du soir semblait avoir permis de rétablir un certain calme, dimanche, après 48 heures de troubles. Mais les autorités ont décidé de placer sous état d'ugence la totalité de l'Etat, une situation qui garantit aux militaires des pouvoirs accrus. Il est désormais interdit de se rassembler, de prononcer des discours, ou encore de défiler.

A l’origine des tensions, le viol et le meurtre fin mai d’une jeune femme bouddhiste attribué à des musulmans. Début juin, des centaines de bouddhistes, croyant avoir repéré des suspects, ont tué dix pèlerins musulmans. Cet incident a provoqué la colère des musulmans locaux, appelés les Rohingysas : après la prière du vendredi, ils ont saccagé et brûlé des centaines de maisons et de commerces appartenant à des bouddhistes.

Des policiers sont intervenus, mais, d’après les médias birmans, ils se sont contentés de tirs de sommation. Ces mêmes médias ont lancé, durant le week-end, un appel à l’apaisement, mettant en garde contre une dérive anarchique.

Les musulmans de l’Etat d'Arakane, originaire d’Asie du Sud, ont été amenés en Birmanie comme ouvriers agricoles par les Britanniques pendant la période coloniale. Ostracisés après l’indépendance, ils n’ont jamais été reconnus comme citoyens birmans.

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