Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Ces propos de Wen Jiabao contre le système bancaire sont dans la droite ligne de la réforme annoncée voici quelques jours par le Conseil d’Etat à Wenzhou. Asphyxiée par le manque de prêts, la vitrine du capitalisme à la chinoise sur la côte est est devenue le symbole de cette crise de financement dont souffre l’ensemble des PME du pays. Il faut libéraliser le crédit répète aujourd’hui le Premier ministre chinois et la réforme doit s’appliquer à l’échelon national.
Un discours qui intervient également au lendemain du bilan dressé par la Banque de Chine. Les cinq plus grandes banques du pays (construction, transports, agriculture, commerce) vont bien, merci pour elles ! Elles ont dégagé 680 milliards de yuans de bénéfices en 2011, soit 1,8 million de yuans par jour. Un « monopole » dont il faut sortir, poursuit le Premier ministre chinois alors que jusqu’à présent les choses étaient simples : Les banques prêtaient essentiellement aux grandes entreprises d’Etat pour financer les travaux d’infrastructures.
Un système de prêts garantis par l’Etat qui a permis de construire des villes et réaliser des milliers de kilomètres de routes à une vitesse TGV mais qui a aussi contribué à l’endettement des collectivités locales, d'ailleurs montré du doigt par la Banque mondiale dans son rapport du 27 février dernier.
Guerre à la spéculation, guerre au marché noir du crédit et guerre au monopole, ces propos de Wen Jiabao s’inscrivent enfin et surtout dans le cadre de la lente mutation initiée par le douzième plan quinquennal, vers un changement du modèle de croissance chinois.