Chine : lancement d'une réforme financière test à Wenzhou

C’est une réforme pilote qui pourrait bientôt être étendue à tout le pays. Le Conseil d’Etat chinois annonce qu’il va légaliser les prêts privés à Wenzhou. La ville portuaire du Zhejiang, sur la côte est du pays, a longtemps été à la pointe du capitalisme version chinoise. Quatre cent mille petites et moyennes entreprises qui, en raison notamment du ralentissement des exportations vers l’Europe, se sont retrouvées l’année dernière asphyxiées par le manque de crédit.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

Epidémie de suicide chez des patrons écrasés par les dettes, chefs d’entreprises qui abandonnent tout du jour au lendemain pour fuir à l’étranger... En 2011, les rois du commerce de Wenzhou sont devenus les rois de la dette.

PME en manque de financements

Dans un système où les banques privées préfèrent prêter l’épargne des ménages à faibles taux mais avec des garanties aux grandes compagnies d’Etat, les petites et les moyennes entreprises ont été contraintes de se tourner vers un marché noir du crédit devenu rapidement hors de contrôle. C’est donc d’abord pour en finir avec ces banques souterraines que le Conseil d’Etat met en place ces réformes. Les prêteurs privés pourront désormais fonctionner comme des fonds d’investissements. Les fabricants de chaussures et de lunettes du Zhejiang pourront emprunter en toute transparence. Ils pourront aussi, sous conditions, investir cet argent à l’étranger.

Investissements à l’étranger

Sachant que les commerçants du Wenzhou sont très nombreux en Europe et notamment en France, les résidents de l’une des villes qui jouit de l’un des plus hauts revenus par habitant en Chine pourraient également être autorisés à dépenser jusqu’à 150 millions d’euros par an pour créer ou acquérir des sociétés non financières en dehors du territoire. Selon le communiqué officiel, ces derniers pourraient enfin avoir le droit de réinvestir à l’étranger l’argent gagné hors des frontières. Cette réforme test est soumise à l’approbation du Conseil d’Etat et peut donc encore faire l’objet de révisions. Elle est considérée en tout cas par beaucoup ici comme cruciale pour le développement du pays.

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