Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gée
Avec ce même souci du détail qu'on lui avait découvert lors de son procès, Duch répond aux questions des co-procureurs portant sur les structures du régime responsable de la mort de près de 1,7 million de personnes.
Considéré comme un témoin clé par l'accusation, celui qui a écopé d'une peine de réclusion à la perpétuité devrait aider à établir la responsabilité des trois octogénaires au banc des accusés, lesquels, contrairement à lui, rejettent toute responsabilité. Mais certains ne sont pas convaincus qu'il déposera à charge. C'est le cas du réalisateur Rithy Panh.
« Moi, je ne suis pas sûr que devant le tribunal, les gens osent dire tout. Contrairement à ce que l’on pense, j’ai l’impression que l’on se retient devant un tribunal. Le problème dans le cas de Duch, ces messieurs se parlent, communiquent, se promènent ensemble. Je vois mal comment le tribunal va forcer Duch à dire quelque chose contre Nuon Chea ou Leng Sary».
Que ce soit devant la caméra du cinéaste ou lors de son propre procès, Duch a cependant déjà dit que les trois hommes figuraient au-dessus de lui dans la hiérarchie khmère rouge, et a détaillé le pouvoir décisionnaire de Nuon Chea, son ancien supérieur direct. Frère n°2, l'accusé, ne regarde donc pas d'un œil amical Duch le témoin. Il s'est même laissé aller à l'insulter lors de l'audience, en le comparant à du « bois pourri et nauséabond », avant d'être promptement rappelé à l'ordre par la cour.