Avec notre correspondante à Kaboul, Marie Normand
Les prêches des mollahs ce vendredi en Afghanistan vont sûrement revenir sur l'incident de Bagram, ces Corans incinérés dans une base aérienne américaine. Les Afghans estiment que c'est une atteinte extrêmement grave à leur religion, cet incident a profondément choqué.
Quels messages vont véhiculer les mollahs ? Vont-ils appeler à l'apaisement ou au contraire inciter les Afghans à protester, comme hier, dans certains districts de l'est du pays. Des messages diffusés par haut-parleurs à l'extérieur de certaines mosquées appelaient la population à s'en prendre aux bases militaires étrangères.
Certains craignent donc qu'à l'issue de la prière ce vendredi, en tout début d'après-midi, de nouvelles émeutes de grande ampleur éclatent. La présence de la police et de l'armée a été fortement renforcée à Kaboul. Le centre-ville est presque vide, beaucoup de magasins ont baissé le rideau, même ceux qui sont d'habitude ouverts le vendredi.
Les excuses du président Obama hier n'ont pas calmé le ressentiment anti-occidental. Car ce n'est pas le premier scandale qui implique des soldats de l'Otan. On se souvient de cette vidéo de Marines américains urinant sur des cadavres de talibans, qui avait profondément choqué en Afghanistan.
Selon le président Karzaï, qui appelle la population au calme, Washington a promis de juger rapidement les responsables, mais les Afghans ne décolèrent pas. Les talibans tentent de capitaliser sur cette colère. Dans deux communiqués jeudi, ils encourageaient la population à tuer des soldats étrangers.
C'est ce qui s'est passé dans la province de Nangarhar, proche du Pakistan. Un membre de l'armée afghane a retourné son arme contre des soldats de l'Otan et tué deux Américains. Au-delà des bases militaires, d'autres symboles de la présence étrangère dans le pays pourraient être visées. Les ambassades, les hôtels qui accueillent des Occidentaux, sont sur leurs gardes. Les ressortissants étrangers sont invités à limiter leurs déplacements.