Afghanistan: les talibans appellent à «tuer, capturer» les soldats étrangers

Les excuses formulées dès ce mardi par le Pentagone n'y ont rien fait. En Afghanistan, la colère gronde contre l'armée américaine accusée d'avoir brûlé cette semaine des exemplaires du Coran sur la base militaire de Bagram. Ce jeudi 23 février, après les violentes émeutes de la veille qui ont fait neuf morts dans la capitale afghane, la situation reste calme. Tandis que des groupes talibans exploitent les événements et appellent à l'attaque des bases militaires étrangères.

Avec notre correspondante à Kaboul, Marie Normand

A 10h30, heure locale, la situation était encore calme, même si des départs de manifestations sont signalés à Jalalabad, également dans la province de Laghman, à l'est de Kaboul, et dans la capitale même, à proximité d'un camp militaire géré par la France.

Quelques centaines de personnes en tout sont rassemblées. Pourtant, l'atmosphère est toujours tendue. Certaines ONG ont ordonné à leurs employés de rester chez eux jusqu'à dimanche. En effet, au-delà des bases militaires américaines, le ressentiment des manifestants pourrait toucher les étrangers de manière générale.

Les manifestations devraient se poursuivent ce jeudi et seront probablement suspendues demain, jour de prière. Difficile de savoir ce qu'il se passera ensuite. Ces rassemblements sont, par nature, imprévisibles car ils rassemblent des personnes sincèrement choquées de ce qu'elles considèrent comme une atteinte grave à leur religion, des intellectuels afghans expliquent que l'atteinte au livre sacré de l'islam est considérée plus grave encore que les pertes civiles.

Mais ces manifestants sont aussi rejoints par tout un ensemble de personnes qui viennent exprimer leurs frustrations, liées au chômage, à l'insécurité. Sans oublier que certains groupes essayent d'exploiter, d'organiser cette grogne pour déstabiliser le pays. Les talibans viennent de demander aux Afghans d'attaquer les bases où se trouvent des soldats étrangers et les convois militaires, de « tuer, capturer » ces étrangers, pour « leur passer l'envie de profaner le livre sacré ».

Hamid Karzaï a appelé au calme. Le chef de l'Etat doit évoquer l'incident de Bagram avec les députés au Parlement ce matin, où des débats très virulents ont déjà eu lieu hier. Certains députés ont même appelé au jihad.

Hier encore, Hamid Karzaï en a profité pour remettre un sujet épineux sur la table. Il a expliqué que les Américains n'auraient pas à gérer ce genre d'incidents s'ils avaient déjà remis les clés de la prison de Bagram aux autorités afghanes. Kaboul réclame depuis longtemps à Washington le transfert de cette prison, où des talibans présumés auraient été torturés.

Cet incident est peut-être aussi un moyen pour le président afghan de reprendre la main, lui qui est régulièrement accusé d'être soumis, de manquer de pouvoir face à l'administration américaine.

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