«Il doit mourir en prison», c'est ce que disait encore, ce jeudi 2 février, Chum May, un des rares survivants de S-21, centre de torture installé dans un lycée en plein coeur de Phnom Penh - là où, dès leur prise de pouvoir en 1975 et jusqu'à leur chute quatre ans plus tard, les Khmers Rouges ont torturé des milliers de personnes, les électrocutant, leur arrachant les ongles, les battants à coups de fouet et de canne, pour finalement les abattre dans un vergers non loin de là. 12 380 personnes sont officiellement mortes dans ce camp dirigé par Duch, qui dira qu'on n'y mourrait que lorsqu'il le décidait : le suicide y était en effet interdit.
Le tortionnaire sera reconnu et arrêté vingt ans après, en 1999, dans un petit village où il coulait des jours paisibles. Onze ans plus tard, il sera le premier Khmer Rouge à être jugé par le tribunal mis en place par l'ONU et le gouvernement cambodgien, verdict : trente-cinq ans de prison, plus que dix-neuf à purger, soit une sortie prévue aux alentours de son 87ème anniversaire. Ce n'est pas suffisant pour les partie civiles, qui lors de ce procès en appel demandent la perpétuité, commuable en quarante-cinq ans de prison.
Duch lui aussi avait fait appel : il reconnaît ses crimes mais demande à être acquitté. Je n'ai fait que suivre les ordres, explique-t-il.