Au Pakistan, la tension entre le pouvoir civil et militaire est à son comble

Le Premier ministre pakistanais Youssouf Raza Gilani a sonné la charge contre l'armée, l'accusant sans détour de vouloir renverser le président et son gouvernement. Retour sur les raisons de cette escalade verbale.

Accuser directement l'armée de vouloir renverser le gouvernement en place est assez inhabituel pour Gilani. C'est un homme réputé modéré et qui détient le record de longévité au sein d'un gouvernement pakistanais : trois ans et sept mois.

Mais son attaque illustre le fossé qui sépare un gouvernement très impopulaire, car il est considéré comme inefficace et corrompu par la population, et une armée que les partenaires d'Islamabad accusent d'entretenir des liens avec les groupes islamistes.

Les relations entre le pouvoir et l'armée se sont fortement dégradées suite au scandale du « memogate ». Cette affaire a éclaté en mai dernier, juste après le raid américain qui a tué le chef d'al-Qaïda, Oussama ben Laden au nord du Pakistan. Ce raid clandestin a été humiliant et discréditant pour l'armée pakistanaise. Depuis, les militaires accusent le pouvoir civil d'avoir demandé à Washington de l'aide pour empêcher un coup d'Etat.

Cela représente une accusation grave dans un pays attaché à sa souveraineté et très anti-américain. La pression sur le gouvernement pourrait s'accentuer, si la Cour suprême décide d'enquêter sur le « memogate ». Une audience sur cette affaire est prévue ce vendredi 23 décembre 2011.

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