Le massacre a été commis il y a très exactement 64 ans, mais cela n'a pas empêché certains habitants de Rawagede de s'effondrer en larmes lorsque l'ambassadeur des Pays-Bas en Indonésie leur a demandé pardon, au nom de son gouvernerment.
Chaque année, depuis 1947, tous se réunissaient pour commémorer leurs morts. Le cimetière a d'ailleurs été placé en plein milieu du village « pour ne pas oublier », quand les Pays-Bas estimaient jusqu'à aujourd'hui que les faits étaient « prescrits ».
L'Etat néerlandais avait quand même versé il y a deux ans 850 000 euros au village, mais refusait de parler de « compensations ». Seulement voilà, le 14 septembre dernier, un tribunal de La Haye l'a forcé à changer de discours en le condamnant à verser des dommages et intérêts, 180 000 euros de compensations au survivant et aux huit veuves qui le poursuivaient.
Ce vendredi, l'une d'entre elles a dit son soulagement devant ce pardon, glissant quand même que tout cela était tellement ancien que ça n'avait plus d'importance. D'autres ne sont pas du même avis, comme cet historien indonésien qui estime que ce pardon pourrait ouvrir la voie à d'autres demandes de compensation pour des cas similaires, même si, à cause du temps, les preuves sont de plus en plus difficiles à réunir. Dans l'affaire de Rawagede, le dernier survivant et deux des veuves sont mortes depuis le jugement du tribunal de La Haye.