Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Avec cette décision, la Ligue nationale pour la démocratie tire un trait sur sa large victoire électorale de 1990. Pendant vingt ans, elle avait milité pour la reconnaissance des résultats de ce scrutin. Le vote des membres pour un retour en politique montre que la Ligue accorde une certaine légitimité au système mis en place depuis la fin de l’année dernière, un gouvernement civil étroitement surveillé par les militaires.
Ce réengagement pourrait déboucher rapidement sur une transformation radicale du paysage politique, avec Aung San Suu Kyi en leader charismatique de l’opposition parlementaire. La question se pose de savoir jusqu’où le pouvoir pourra tolérer ces voix dissidentes, surtout si elles entraînent une majorité de la population derrière elle.
Les Etats-Unis, en tous les cas, ont jugé qu’il fallait saisir l’opportunité. Après une conversation téléphonique avec Aung San Suu Kyi, le président américain Barack Obama a annoncé que la secrétaire d’Etat Hillary Clinton se rendrait en Birmanie le mois prochain. La prochaine étape logique est la levée des sanctions économiques, mais le président américain a conditionné celle-ci à la libération des 600 à 1 000 prisonniers politiques restant dans le pays.