La conférence sur l’Afghanistan à Istanbul placée sous le signe de la sécurité et de la coopération

La conférence sur l'avenir de l'Afghanistan placée sous le thème « Sécurité et coopération au cœur de l’Asie » s’est ouverte ce mercredi 2 novembre 2011 à Istanbul. Elle rassemble vingt-trois pays et sept organismes internationaux. Mais les participants à cette rencontre ne semblent pas s’attendre à des décisions concrètes, et visent plutôt des objectifs assez modestes.

Parmi les participants, tous les voisins de l'Afghanistan, mais aussi Henri de Raincourt, le ministre français chargé de la Coopération, le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle, des représentants de l’Otan et des Nations unies. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a annulé sa venue à Istanbul au dernier moment, en raison de l'état de santé de sa mère, qui est décédée mardi 1er novembre.

La conférence d'Istanbul ne devrait pas déboucher sur des décisions concrètes, dans le complexe dossier afghan. Elle n'est qu'une étape supplémentaire vers la Conférence de Bonn sur l’Afghanistan, prévue en décembre. Une conférence décisive des pays donateurs, qui vont définir leur engagement en faveur de l'Afghanistan, après le retrait des troupes de la Force internationale d'assistance à la sécurité, fin 2014.

Dans ces conditions, les participants à la réunion de ce mercredi s'attendent à peu d'avancées. L'Afghanistan insiste en faveur d'un renforcement de la coopération régionale, seule solution, d'après Kaboul, pour assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité de tous les pays de la région.

En organisant cette rencontre internationale à Istanbul, la Turquie essaie de prendre un poids diplomatique dans la région. Elle est présente dans toutes les initiatives qui touchent au Moyen-Orient et maintenant à l'Afghanistan. Ankara veut s'imposer comme leader du monde musulman, renouant avec une tradition héritée de l'Empire ottoman.

Le rôle clé du Pakistan dans le conflit afghan

Un autre pays qui joue un rôle important dans la crise afghane est le Pakistan, sanctuaire et base logistique des talibans, actifs des deux côtés de la frontière. L'armée pakistanaise - et les services de sécurité - sont soupçonnés par Kaboul de soutenir les talibans, pour renforcer leur influence dans la région, dans la perspective du retrait annoncé des forces étrangères d'Afghanistan.

La Turquie cherche à rapprocher les deux pays : mardi, avant la conférence internationale, les présidents afghan Hamid Karzaï, pakistanais Asif Zardari et turc Abdullah Gül se sont rencontrés, pour tenter de surmonter les divergences et d'ouvrir une nouvelle ère de coopération.

Kaboul a rompu ses pourparlers avec Islamabad après l'assassinat, dans la capitale afghane, le 20 septembre, de l'ancien président Burhanuddin Rabbani, qui menait de négociations de paix avec les islamistes. Les Afghans pensent que ce meurtre a été ordonné par des chefs talibans installés au Pakistan.

L'Afghanistan a récemment irrité le Pakistan, en signant un partenariat stratégique avec l'Inde, le vieil ennemi avec lequel Islamabad a été plusieurs fois en conflit.

Deuxième phase de l'« afghanisation »

A Istanbul, le président Hamid Karzaï doit dévoiler une deuxième liste de districts ou provinces dans lesquels la responsabilité de la sécurité sera transférée des mains de l'Otan à celles de l'armée et de la police afghane. On sait déjà que dix-sept zones figurent sur cette liste. Une première tranche de sept zones a été lancée en juillet.

Dix ans après le début de l'intervention militaire en Afghanistan, l'Otan a entamé en juillet un processus de transition, selon lequel la responsabilité de la sécurité du territoire doit passer progressivement des mains des soldats de l'Otan à celles des forces afghanes, police et armée. Mais réussir cette transition dite « afghanisation » sera très difficile. Certains analystes considèrent que les forces afghanes de sécurité seront incapables de faire face à l'insurrection des talibans, et que tout est possible après le retrait des forces internationales - y compris une nouvelle guerre civile, avec la victoire des extrémistes islamiques.

En dépit des efforts internationaux, la conférence d'Istanbul ne devrait pas avoir d'impact direct sur la situation en Afghanistan. Une situation difficile car, malgré la présence de quelque 140 000 soldats étrangers, la guérilla des talibans s'est intensifiée ces trois dernières années. Mettre sur pied une véritable armée afghane est plus difficile que prévu, et la sécurité est loin d'être assurée.

Conscients de la difficulté de leur tâche, les participants à la réunion de ce mercredi semblent opter pour des objectifs assez modestes, plus faciles à réaliser, avec l'ambition de renforcer la coopération régionale en matière de sécurité.

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