Avec notre correspondant à Pékin, Joris Zylberman
Dans un pays avec des dizaines de millions d’habitants sous le seuil de pauvreté, il est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement de Pékin aiderait l’Europe, l’Eldorado du développement.
Sur la toile, les internautes chinois perçoivent l’appel au secours des Européens, comme un mensonge scandaleux. Par ailleurs, avec une inflation au plus haut et une croissance au ralenti, l’heure n’est plus aux investissements aventureux des immenses réserves de change de la Chine ; plus de 3 000 milliards de dollars. D’autant plus que les Chinois ont déjà perdu beaucoup d’argent sur des placements jugés 100% surs, à l’image des prises de participation au capital de la banque Morgan Stanley, et du fonds d’investissement Blackstone, dont la valeur s’était effondrée lors de la crise financière de 2008.
Le débat s’exprime ouvertement dans les médias. Vendredi, le Quotidien du Peuple taxait d’insuffisant l’accord trouvé à Bruxelles mercredi dernier. Ce dimanche, l’agence Chine Nouvelle a publié, coup sur coup, l’assurance de l’aide à l’Europe et l’avertissement que la Chine ne serait pas son sauveur.
Pour l’instant, Pékin demande des clarifications aux Européens. La Chine n’est certes pas une démocratie, mais le parti communiste ne peut plus ignorer les 500 millions d’internautes. Une opinion publique qui ne supporte plus l’idée selon laquelle on ne prête qu’aux riches.