Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gée
L'ordre n'est pour l'heure qu'oral mais une parole de Hun Sen a souvent valeur de sous-décret. En suspendant l'envoi de travailleuses cambodgiennes en Malaisie, il répond à de nombreux appels en ce sens de la société civile.
Le mois dernier, deux de ces domestiques exilées ont trouvé la mort au domicile de leurs employeurs malaisiens. Récemment, la police a secouru à Phnom Penh 22 femmes, dont des mineures de 13 ans, séquestrées dans une agence de recrutement habilitée à les former avant leur départ.
Le calvaire peut commencer dès cette étape, comme pour ces candidates malheureuses, choisies parmi une population rurale non éduquée et facilement dupée. Impossibilité alors pour elles d'entrer en contact avec leurs familles et menace d'endetter lourdement leurs proches si elles venaient à s'enfuir et rompre le contrat.
Une fois en Malaisie, certaines se retrouvent à la merci de leurs patrons, sans passeport (celui-ci est confisqué) et avec pour quotidien d'interminables heures de travail et des mauvais traitements infligés.
Pour réguler ce business lucratif, les défenseurs des droits de l'homme attendent aujourd'hui du gouvernement qu'il se dote d'un mécanisme d'inspection des agences d'embauche et signe avec la Malaisie un protocole d'accord pour protéger ces travailleuses immigrées.