Singapour : une présidentielle «ouverte»

Ce samedi 27 août 2011 est un jour férié à Singapour. C'est le cas lors de chaque présidentielle, mais il n'est pas question de musarder ; il faut aller voter car le vote est obligatoire. Et ce d'autant qu'il s’agit de la première véritable présidentielle depuis 1993, et si, jusqu'ici, le poste de président était considéré comme très protocolaire, cela pourrait changer.

A Singapour, en mai dernier, l'opposition a réalisé une percée historique lors des élections parlementaires. Cela n'empêche pas le parti au pouvoir depuis l'indépendance de la Grande-Bretagne en 1959, le People's Action Party, de rassembler 60% des suffrages, laissant à peine 6 sièges sur 87 pour l'opposition. Mais pour la cité-Etat, c'est quand même de l'inédit. C'est peut-être pour cette raison que lcette élection présidentielle est nettement plus ouverte que les précédentes.

En 1999 et 2005, le président actuel, S.R. Nathan, avait été davantage nommé qu'élu, puisque le comité chargé de valider les candidatures avait rejeté celles des autres candidats. Cette fois, il y a quatre postulants. Le candidat du pouvoir, l'ancien vice-Premier ministre Tony Tan, soutenu par l'actuel président et le Premier ministre, fait face à trois Singapouriens, tous proches de l'opposition ou critiques envers le PAP.

Un nouveau président, proche de l'opposition, pourrait être tenté d'utiliser un peu plus souvent son droit de veto. En 1991, l'amendement qui avait permis d'élire le président au suffrage universel, -avant c'était le Parlement qui s'en occupait-, lui a conféré certains pouvoirs concernant par exemple l'utilisation des ressources financières par le gouvernement et les nominations aux postes clés dans la fonction publique.

Un miracle économique jusqu'ici autoritaire

Singapour est connue pour son économie exceptionnellement florissante (près de 15% de croissance en 2010) ; c'est peut-être pour ça que les candidats à la présidentielle doivent être ou avoir été à la tête d'une société enregistrée à Singapour pesant au moins 100 millions de dollars singapouriens (58 millions d'euros). La cité-Etat compte également 15% de millionnaires et plus de 80% de la population est propriétaire ; il n'y a pas de corruption par rapport aux voisins asiatiques.

Alors pourquoi cette percée de l'opposition ? Peut-être est-ce le désir de pouvoir s'exprimer plus librement. Trois millions de Singapouriens sur cinq sont branchés sur Facebook, face à une presse censurée qui a couvert la présidentielle pour la première fois cette année ; les grèves et les manifestations sont interdites, tout comme la possession d'antennes paraboliques. Or Singapour fait maintenant face aux mêmes difficultés que le reste du monde : inégalités entre classes sociales, baisse du pouvoir d'achat de la classe moyenne.

Signe que les Singapouriens sont en train de tutoyer une certaine forme de liberté, la campagne présidentielle a eu droit à sa rumeur internet sur un des candidats, celui du pouvoir, Tony Tan. Ses trois fils auraient reçu un traitement de faveur pendant leur service national. Une rumeur évidemment repoussée par l'ancien vice-Premier ministre.

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