A côté d'une collision qui a fait 40 morts et près de 200 blessés, le cas de la petite Yiyi paraît anecdotique. Pourtant, Yiyi est d'abord le symbole de l'empressement des autorités chinoises à évacuer l'accident de Wenzhou : elle n'a été retrouvée que 22 heures après le drame, bien après la fin officielle de la phase de secours.
Quelques jours après son sauvetage, le Premier ministre Wen Jiabao rend visite à Yiyi pour reconquérir l'opinion chinoise. Le ministère du Rail évoque un « miracle de la vie ». « Pas de miracle à Wenzhou », lui répond avec affront l'hebdomadaire progressiste The Economic Observer, l'une des rares parutions à contourner le verrouillage médiatique sur la catastrophe.
Quand la presse est appelée à stopper ses critiques sur l'accident, parler de Yiyi reste permis. Les médias et les blogs s'en donnent alors à cœur joie et les autorités laissent faire. Au moins, il n'est plus question de contester l'état du matériel ferroviaire chinois. Sous la pression populaire, Pékin enverra finalement une équipe d'experts gouvernementaux pour soigner Yiyi. Sa jambe est donc sauvée et entre temps, la colère des Chinois a pu s'exprimer, tout en restant canalisée par les autorités.