Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Des asticots dans les os de poulet au McDo, des insectes dans la soupe d’une chaîne de nouilles japonaises (Wei Qian La Mian), les images circulent d’abord sur internet avant d’être reprises par les médias locaux.
« J’ai contacté plusieurs services sanitaires qui n’ont pas donné suite, j’ai donc appelé la télévision » raconte ainsi une mère de famille à Changsha, dans la province du Hunan, dont le fils a retrouvé les vers dans son assiette.
Selon le journal Zhongguo Jin Ji Shi Bao, la direction du restaurant n’a pas reconnu les faits. Les services sanitaires sont arrivés trois heures après le passage des journalistes. Les asticots étaient déjà partis, mais les inspecteurs ont promis de mener l’enquête.
Cet incident n’est malheureusement pas rare et l’administration concernée se retrouve souvent dépassée par des internautes en guerre contre la « malbouffe ». Le plus choquant pour l’opinion chinoise, c’est que les dernières affaires impliquent des chaînes de restauration rapide, réputées autrefois plus sûres que les petits estaminets où l’on mange sur le pouce à la pause-déjeuner.
Récemment encore, le géant américain KFC ainsi que les chaînes cantonaises Zhen Gong Fu et taiwanaise Yon Ho Soya (400 magasins dans le pays) ont été épinglés pour publicité mensongère. Le lait de soja annoncé comme fabriqué à la main était en réalité du lait en poudre sans danger pour la santé, mais trompeur pour les consommateurs.
Pour essayer de contrebalancer ces dénonciations sur le net, le gouvernement central a demandé fin juillet aux autorités locales de récompenser les informateurs les aidant à débusquer les scandales alimentaires. Une hotline permettant de contacter directement l’administration des contrôles devrait par ailleurs être mise en place à Shanghai d’ici à la fin de cette année.
Peur au fond des assiettes
Les Chinois ne savent plus où donner des baguettes et la sécurité alimentaire est devenue une priorité. A tel point que les autorités ont parfois du mal à suivre et communiquent à tout va pour tenter de donner le change. Le coup de filet évoqué dans les médias ce jeudi 4 août 2011 a été rendu public une première fois le 19 juin par l’agence Chine Nouvelle, avant d’être repris dans une dépêche en anglais ce mercredi 3 août.
Pour le grand public, la campagne lancée en avril dernier s’est traduite d’abord par cette poussée d’affiches dans les restaurants des grandes villes. Un poing rageur sur fond bleu et rouge sensé incarner la lutte contre les 2 314 additifs retrouvés au fond des assiettes par les agents du ministère de la Santé.
Les 2 000 personnes arrêtées sont soupçonnées d’avoir justement utilisé ces produits chimiques parfois dangereux pour la santé : mélamine dans le lait, clenbuterol rendant la viande de porc fluorescente, nitrate dans le soja, métaux lourds dans le riz… Au total 5,92 millions de prélèvements ont été effectués dans les cuisines ainsi qu’à la source chez les grands industriels de l’agroalimentaire.
La commission sur la sécurité alimentaire a été placée directement sous l’autorité du Conseil d’Etat. En 2010, les inspecteurs ont relevé plus de 130 000 infractions au code d’hygiène et de sécurité alimentaire. Enfin, 100 000 entreprises ont été fermées, selon la commission.