Après l’explosion de cette première bombe atomique sur Hiroshima, le gouvernement japonais tarde à réagir. Deux jours plus tard, le 8 août 1945, l'Union soviétique déclare la guerre au Japon. Et le 9 août, une autre bombe américaine frappe Nagasaki. Cette fois, c'est une bombe au plutonium - différente de celle d'Hiroshima, qui était une bombe à l'uranium 235. Les deux bombes ont fait basculer le monde dans l'ère nucléaire, et ont ouvert un débat géopolitique, militaire et philosophique qui continue, 66 ans après.
Pour les pacifistes, l'utilisation de la bombe atomique est contestable. Pour d’autres, ces attaques nucléaires ont précipité la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les bombardements auraient raccourci le conflit international de plusieurs mois, sauvant ainsi la vie de centaines de milliers de soldats américains, de civils et de prisonniers, sur les territoires occupés par les Japonais.
Les opposants soutiennent que ces bombardements, qu'ils voient comme des crimes de guerre, ont été inutiles, car ils ont surtout tué des civils. Pour ces opposants, l'utilisation de l'arme atomique n'avait aucune justification militaire.
Conséquences du bombardement
L’énergie née de la fission nucléaire, à l’intérieur de la bombe, s’est transformée en chaleur, en souffle et en radiations : trois effets dévastateurs. Une boule de feu d'un kilomètre de diamètre apparaît au-dessus d'Hiroshima. Au sol, la température atteint plusieurs milliers de degrés. Dans un rayon d'un kilomètre, tout est vaporisé et réduit en cendres. Bâtiments et humains prennent feu spontanément, jusqu'à 4 km de l'épicentre. L'onde de choc atteint une vitesse de près de 1 000 km/heure ; elle détruit 62 000 des 90 000 bâtiments de la ville d'Hiroshima. Les effets des rayonnements sur les survivants - surtout des cancers - n'apparaissent que des mois ou des années après l'explosion. Le nombre de victimes ne sera sans doute jamais connu : on a évoqué le chiffre de 250 000 morts au total.
Hiroshima et Fukushima
La commémoration des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki revêt cette année une importance particulière - liée à l'actualité. Le séisme du 11 mars 21011, de magnitude 9 sur l’échelle de Richter, a déclenché un tsunami qui a dévasté la côte nord-est du Japon et provoqué plus de 20 000 morts. Une vague de 14 mètres de hauteur a endommagé la centrale nucléaire de Fukushima, entraînant une série d'accidents. Trois des six réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi ont subi des fusions partielles du cœur, provoquant des rejets radioactifs dans la région et dans le milieu marin.
L'accident de Fukushima a été classé au niveau 7 (le plus élevé) sur l'échelle internationale des événements nucléaires, (INES), ce qui le place au même degré de gravité que la catastrophe de Tchernobyl (26 avril 1986), premier accident nucléaire classé à ce niveau, considéré comme le plus grave accident nucléaire répertorié jusqu'au présent.
Il y a 800 km entre Fukushima et Hiroshima, et pour une population allergique au nucléaire, le rapprochement était facile à faire. Beaucoup de Japonais se posent maintenant des questions sur les choix nucléaires de leur pays. Ils semblent avoir pris conscience des dangers du nucléaire civil - après avoir subi deux bombardements atomiques.
Discrimination des survivants
A Hiroshima, le souvenir du bombardement du 6 août 1945 s'estompe avec le temps : les « Hibakusha », les survivants qui peuvent encore témoigner, disparaissent petit à petit, et les jeunes s'empressent d'oublier le passé. Par ailleurs, les survivants des bombardements atomiques sur le Japon sont depuis longtemps victimes de discriminations, à la suite des fantasmes sur les conséquences supposées de l'irradiation.
Ce risque de discrimination semble maintenant peser sur les personnes qui habitaient la zone de la centrale nucléaire de Fukushima, car certains Japonais pensent encore - à tort - que les maladies liées à l'irradiation sont congénitales ou contagieuses.
A Hiroshima, dans le cénotaphe du parc du mémorial de la Paix, qui contient les noms de toutes les victimes connues du bombardement, brûle depuis des années une flamme de la paix, qui restera allumée tant que les armes nucléaires existeront. Malheureusement, cette flamme n'est pas encore prête de s'éteindre.