Avec notre correspondant à Pékin, Joris Zylberman
Manifestement, la Chine attendait au tournant le président américain durant les 11 jours du Dalaï Lama à Washington. Elle était donc prête à réagir comme elle l’a fait ce samedi en émettant les reproches classiques : le ministère chinois des Affaires étrangères demande aux Etats-Unis de révoquer immédiatement sa décision de rencontrer le leader spirituel tibétain afin de ne pas interférer dans les affaires intérieures de la Chine.
Le gouvernement de Pékin, avec son ambassadeur à Washington, a fait une représentation solennelle auprès des autorités américaines. Selon le communiqué, le président Obama doit renoncer à cette rencontre et honorer son engagement sérieux de reconnaître le Tibet comme une partie intégrante de la Chine.
La Maison Blanche, de son côté, a annoncé qu’elle allait profiter de cette entrevue pour mettre l’accent sur la nécessité du dialogue entre la Chine et les représentants du prix Nobel de la paix.
Le leader tibétain a déjà vu les dirigeants du Congrès américain cette semaine. Ces derniers ont d'ailleurs vivement critiqué le chef de l'État pour son peu d'empressement à recevoir le dignitaire tibétain, l'accusant de céder à la pression de la Chine. Le Dalaï Lama est arrivé début juillet pour une série de rituels bouddhistes dans la capitale fédérale.
C’est là première fois que le Dalaï Lama va s’entretenir avec un président américain depuis sa retraite politique en mars dernier.
La rencontre intervient sur fond de crise en mer de Chine, notamment avec le Vietnam à propos des archipels, les Paracels et les Spratleys. Un conflit qui inclut également le Japon, l'Indonésie, la Malaisie et les Philippines. Les États-Unis qui possèdent plusieurs bases navales dans la région, suivent de très près la situation.
À Dharamsala où siège le gouvernement en exil, un nouveau Premier ministre a été élu en mars, mais à l’évidence aux yeux des Chinois, le Dalaï Lama reste le visage du séparatisme tibétain.
Le président Obama a rencontré une première fois le Dalaï Lama en février 2010, suscitant la colère de Pékin, qui accuse le chef des Tibétains de rechercher l'indépendance du Toit du monde. À l'issue de la réunion, la Maison Blanche avait pris soin de faire sortir le chef des Tibétains par une arrière-cour... encombrée de poubelles afin de limiter l'impact de la rencontre sur les relations sino-américaines.
Le Dalaï Lama, qui a quitté son pays en 1959 après l'échec d'un soulèvement contre la présence chinoise, quitte aujourd'hui la capitale américaine où il se trouve depuis le 5 juillet.
George W. Bush a rencontré quatre fois le Dalaï Lama durant sa présidence (2001-2009).
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À consulter :
Album photos de la visite 5-15 juillet 2011 du Dalaï Lama à Washington sur le site du Dalaï Lama.
Cinquante ans d'exil. Article RFI 9/3/2009.
Bush défie Pékin en honorant le Dalaï Lama. Article RFI 18/10/2007.