Avec notre correspondante à Singapour, Carrie Nooten
Comme à chaque libération d’un détenu étranger ici, tout s’est passé très vite. Ce samedi matin, Alan Shadrake n’a eu qu’une poignée de kilomètres à faire de la prison de Changi jusqu’à l’aéroport, escorté par les services de l’immigration, et prendre un vol à destination de Londres.
Comme prévu, il a été libéré deux semaines plus tôt que la fin de sa peine pour bonne conduite, et l’écrivain britannique s’en sort au final « relativement » bien. Les autorités Singapouriennes ont laissé tomber, il y a quinze jours, leurs poursuites pour diffamation qui auraient pu prolonger son séjour sous les verroux.
Alan Shadrake avait été arrêté en juillet l’an dernier alors qu’il venait présenter son livre, censuré ici, critiquant la justice Singapourienne. Dans cette ouvrage, il donne notamment la parole à l’un des bourreaux de la prison et sous entend que les riches, eux, peuvent échapper à la peine de mort. Certaines associations de droits de l’homme estimaient que sa condamnation était un coup dur porté à la liberté d’expression à Singapour.
Pourtant, Alan Shadrake était bien placé pour savoir que la stratégie de poursuite en justice est courante contre les auteurs ou les journalistes qui mettent en question l’indépendance du pouvoir. Sans compter que depuis, le Britannique a admis avoir fait « quelques erreurs » dans son livre et surtout, n’a jamais cessé de jouer la provocation, en reconnaissant que son arrestation lui avait fait une bonne publicité. Il pensait juste pouvoir échapper à la prison à cause de ses 76 ans et d’un bilan de santé en sa faveur. Au final, il n’a pu s’y soustraire et les médecins l’ont soigné pour une hernie discale derrière les barreaux.