Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
La libération de Hu Jia intervient, jour pour jour, à la fin de la peine d’emprisonnement prononcée par les juges en 2008. La visite du Premier ministre chinois en Europe n’est donc qu’une coïncidence et n’a pas joué dans la remise en liberté du prix Sakharov de la liberté de pensée 2008.
Hu Jia a été libéré vers 2h30 du matin, a expliqué son épouse sur Twitter. « Il est très heureux », précise Zeng Jinyan, mais « il aura besoin de récupérer pendant une certaine période ».
Privé de ses droits politiques pendant un an
Une manière également de dire que son mari n’est pas entièrement libre de s’exprimer une fois dehors. « Cette libération est un soulagement mais aussi une inquiétude par rapport au régime arbitraire qui pèse sur lui, sur sa femme et surtout sur la durée de ce traitement, affirme Nicholas Béquelin. Nous espérons qu’à l’issue de cette année, il sera rendu à une liberté complète et qu’il sera capable de voyager et de mener une vie normale, ce qui semble peu probable dans le contexte actuel », poursuit le chercheur chargé de l’Asie au siège de Human Rights Watch à Hong-Kong.
Cette libération intervient dans un contexte de surveillance de l’opposition, devenu très tendu avec les soulèvements populaires qui secouent le monde arabe depuis le début de cette année. D’autres dissidents chinois sont d’ailleurs toujours détenus ou assignés à résidence sans procès.
Plusieurs fois cité pour le prix Nobel de la paix, Hu Jia restera pendant un an privé de ses droits politiques, ont fait savoir ses proches. « Cette année, il devrait mettre l’accent sur le traitement de sa cirrhose et sur sa famille », a indiqué son épouse. Le couple préférant toutefois que leur fille ne réside pas à leur domicile afin de la soustraire à la surveillance policière. « Il tentera -surtout- d’éviter de se faire arrêter encore une fois », conclu Zeng Jinyan.