Risque d'infiltration de la police et l'armée afghanes par les talibans

En Afghanistan, le traditionnel défilé militaire de la journée des moudjahidins, qui célèbre la victoire des Afghans contre l'armée soviétique, aurait dû se tenir ce jeudi 28 avril. Il a été annulé mercredi, quelques heures après que huit soldats et un employé d'une entreprise de sécurité américaine aient été tués par un officier de l'armée afghane sur l'aéroport militaire de Kaboul, la capitale. L'incident a, semble-t-il, été provoqué par une dispute qui a dégénéré. Mais les talibans revendiquent régulièrement avoir infiltré l'armée et la police afghanes.

Avec notre correspondant à Kaboul, Luc Mathieu

Il n'existe bien sûr pas de chiffre précis permettant d'évaluer le niveau d'infiltration des talibans au sein des forces de sécurité afghanes. Mais plusieurs incidents récents ont montré que le problème était réel.

Le 16 avril, un soldat afghan s'est fait exploser dans une base de l'Otan de l'est du pays, tuant cinq militaires américains et quatre afghans. Le kamikaze avait intégré son unité un mois auparavant. Au total, depuis mars 2009, l'Otan a comptabilisé 17 cas d'attaques commises par des soldats et des policiers afghans. La moitié environ pourrait être attribuée à des agents dormants de l'insurrection.

L'infiltration des forces de sécurité afghanes est d'autant plus préoccupante que l'Otan est entrée dans une phase dite de transition. Jusqu'à la fin 2014, les armées étrangères vont progressivement se retirer au profit des forces afghanes. Pour tenir cet objectif, le gouvernement recrute massivement et limite au minimum, à quelques semaines seulement, les durées de formation. Difficile dans ces conditions de s'assurer qu'une recrue ne fait pas partie de l'insurrection.

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