Il est devenu célèbre à l’été 2010 lorsqu’il menaça, à partir du mois de juillet, de brûler 200 exemplaires du Coran le jour du 11 septembre. Il s‘agissait pour Terry Jones de rendre hommage aux victimes de l’attentat du World Trade Center, le 11 septembre 2001, et aussi de dénoncer l’Islam « religion provenant du diable », selon ses propres termes.
Commencée sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook, la campagne Burn a Koran Day (la Journée d’autodafé du Coran) lancée par le pasteur Jones fut rapidement relayée par les medias locaux puis nationaux aux Etats-Unis, avant devenir une affaire internationale à l’approche du jour fatidique.
Théologie et provocation
Inquiets de la portée que cette provocation manifeste pourrait avoir sur les intérêts américains à travers le monde, le pouvoir politique finit par dissuader au dernier moment l’illuminé de passer à l’acte par l’intermédiaire d’un coup de téléphone, semble-t-il déterminant, du ministre américain de la Défense, Robert Gates.
En réalité, Terry Jones, 59 ans, n’en était pas à son coup d’essai dans la provocation. Cet homme au passé trouble, qui se targue d’avoir passé un doctorat en théologie à Rosemead (Californie) sans en avoir jamais fourni la preuve tangible, s’était déjà signalé par des prises de positions homophobes et anti-islamiques dans sa communauté de Gainesville, ville du centre de la Floride peuplée de 100 000 habitants.
Le Dove World Outreach Center (le Centre d’accueil du monde de la colombe), la congrégation dont il a pris la tête en 1996, ne compte plus guère qu’une cinquantaine de fidèles, adeptes de l’Eglise pentecôtiste, une mouvance protestante, traditionnaliste à l’extrême. Avant de s’installer définitivement en Floride, Jones – allure de biker et moustache en fer à cheval – avait déjà fondé une communauté chrétienne évangélique à Cologne, en Allemagne, dans les années 1980.
Au fil des ans, son discours s’est radicalisé, avec les homosexuels et l’Islam pour cibles, si bien que ses fidèles se sont progressivement détournés de lui, accélérant son retour définitif aux Etats-Unis. En 2009, il est accusé d’abus spirituel et d'extorsion de fonds par l’Eglise évangélique de Cologne et sa propre fille, Emma, déclare dans les médias qu’elle pense que son père est devenu fou et que son centre est une secte
Plus loin dans l’escalade
Découragé au dernier moment le 11 septembre 2010, Terry Jones va attendre cinq mois pour passer à l’acte. Le 20 mars 2011, il plonge un Coran dans du kérosène avant d’y mettre le feu, un geste qui provoque la fureur des musulmans. Le 1er avril, à Mazar-e-Sharif, au nord de l’Afghanistan, douze personnes, dont sept employés de l’ONU, sont tuées en représailles lors d’une manifestation qui fait également plus de 70 blessés. Depuis, d’autres attentats ont suivi.
Ne s’estimant en rien responsable, Terry Jones a décidé de poursuivre dans l’escalade en appelant à manifester vendredi 22 avril devant un centre culturel islamique de Dearborn, ville du Michigan qui abrite une importante communauté musulmane et qui est devenue selon son expression, « une espèce de Mecque de l'Amérique ».
La veille, jeudi 21 avril, il avait été appréhendé puis relâché par la police de Southfield, ville voisine de Dearborn, après avoir accidentellement tiré un coup de feu avec son revolver en pénétrant dans sa voiture. Non content de vouloir abuser du premier amendement de la Constitution américaine qui garantit la liberté de parole à tout individu, Terry Jones ne dédaigne pas non plus le deuxième, celui qui autorise chaque citoyen à posséder une arme.