C’est la réponse du berger à la bergère. Pour le Conseil des affaires d’Etat, autrement dit le gouvernement central chinois à l’origine de ce rapport, les Etats-Unis ont trop tendance à regarder la paille dans l’œil des voisins, tout en feignant d’ignorer leurs propres problèmes. Et les problèmes sont nombreux à en croire ce document d’une quinzaine de pages noyé sous une avalanche de chiffres. « 4 millions 300 000 crimes violents ont été recensés en 2009 aux Etats-Unis ». « 14,7 % des familles américaines souffrent de carence alimentaire ». « 93 % des enfants américains ont connu une expérience traumatisante ».
Six secteurs à problèmes
Le « rapport des droits de l’homme aux Etats-Unis pour l’année 2010 » dépeint une Amérique cauchemardesque avec six paragraphes de problèmes. Les atteintes à la sécurité des biens et des personnes liées notamment à une « absence de contrôle sur les armes en circulation ». Le taux de chômage et la pauvreté qui touchent en particulier les minorités noires, hispaniques et asiatiques et signe que « le racisme est profondément enraciné dans la culture américaine ». Sans compter le sexisme et la discrimination au travail également pointés du doigt ainsi que les violences faites aux plus jeunes. Une manière aussi de défendre les politiques suivies en Chine. La censure notamment qui évite aux plus jeunes d’être « involontairement confrontés aux images pornographiques » comme ce serait le cas pour « 7 enfants sur 10 aux Etats-Unis ». Basé sur des séries de faits et de chiffres, les auteurs n’hésitent pas à se référer aux publications des associations, des médias et même des institutions américaines. Rien ne résiste à cet état des lieux pas même les « droits politiques des citoyens ». « La démocratie américaine est uniquement basée sur l’argent », expliquent encore les rédacteurs du texte s’appuyant sur les montants des campagnes présidentielles et sénatoriales et sur le poids des lobbies aux Etats-Unis.
Contrer le « soft power » américain
Les autorités chinoises visent surtout ici à contrer la politique du « soft power » mise en place par Washington. Vendredi dernier 8 avril, Hillary Clinton s’est déclarée « profondément concernée » par la répression dans les milieux d’opposition. La secrétaire d’Etat américaine a évoqué notamment des « arrestations et la détention arbitraire » de « douzaines » d’avocats, d’écrivains, d’intellectuels et d’activistes. « Les Etats-Unis sont partisans d’une soi-disant diplomatie des droits de l’homme qui utilise les droits de l’homme comme un instrument politique destiné à diffamer l’image d’autres pays, tout en recherchant à servir leurs propres intérêts stratégiques », répond ce lundi 11 avril 2011 Radio Chine internationale. Le paragraphe six du document publié par le bureau de l’information du Conseil d’Etat allant même jusqu’à évoquer les morts civils dans les opérations de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Ce rapport témoigne aussi paradoxalement de la difficulté pour Pékin à contrer les critiques autour de la question des libertés en Chine. Longtemps le régime communiste a défendu le principe d’un droit à la subsistance primant sur les droits humains. L’argument est aujourd’hui plus délicat à défendre dans un pays devenu la deuxième économie du monde. D’où ce miroir brandi par les autorités chinoises, renvoyant la société américaine à ses propres problèmes.