Manifestations en Chine : la presse n'est pas la bienvenue

Un nouvel appel à manifester a été lancé pour ce dimanche 27 février dans 23 villes de Chine, appel lancé via des sites basés à l’étranger et relayés sur les blogs par un mystérieux «mouvement du jasmin chinois». Des rassemblements qu’il sera difficile de percevoir en raison du faible nombre de manifestants et des dizaines de milliers de policiers mobilisés. Mais aussi, parce que la presse, y compris les journalistes étrangers ont été invités à ne pas se rendre sur le point de rendez-vous.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

C’est un coup de fil du bureau de la sécurité publique de Pékin arrivé directement sur les portables qui prévient (en anglais ou en mandarin au choix) : « Tous les journalistes qui souhaitent se rendre dans le secteur de Tianamen et de Wangfujing doivent désormais demander l’autorisation avant de faire des interviews. Vous devez obéir au règlement ! »

Pour la première fois depuis les nouvelles règles mises en place pour les Jeux Olympiques en 2008, les journalistes étrangers sont donc soumis à l’autorisation préalable. Ce coup de téléphone reçu dans la matinée du 26 février ayant été précédé par des appels dès vendredi après-midi aux bureaux de certains confrères.

Le club des correspondants étrangers à Pékin s’est d’ailleurs fendu d’un avertissement, car c’est désormais la police qui donne les consignent à la presse et non plus, comme c’était le cas jusqu’à présent, le ministère chinois des Affaires étrangères.

Sérénité du discours et uniformes dans la rue

Il y a donc aujourd’hui, d’un côté des discours officiels qui se veulent rassurés et rassurants sur le thème : la « révolution du jasmin » est impossible en Chine. L’opinion chinoise qui a vu son niveau de vie augmenter depuis trente ans n’en veut pas ! Et de l’autre : une obsession sécuritaire qui se traduit par la présence massive d’uniformes dans les rues, la mise à l’isolement préventive des avocats et des militants des droits de l’homme ainsi qu’un verrouillage de l’information.

De nombreux blogs étrangers viennent à leur tour d’être censurés. Les services de renseignement craignent une contagion des images et ne veulent pas revoir ces photos qui ont circulé sur internet la semaine dernière, de manifestants arrêtés ou de bouquets de jasmin jetés sur le pavé.

L’objectif est de tuer dans l’œuf toute idée de contestation. Des planches de chantiers ont été installées non loin du Mc Donald de Wangfujing, lieu du rassemblement à Pékin. Et demain dimanche, les journalistes n’auront pas le droit d’aborder les passants, au centre de la capitale de la deuxième économie du monde.

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