Japon: le site nucléaire de Fukushima toujours face à d'«énormes difficultés»

Ces dernières heures, les opérations pour tenter de refroidir les réacteurs du site nucléaire de Fukushima-Daiichi ont repris mais selon Premier ministre japonais, Naoto Kan, la centrale nucléaire accidentée fait toujours face à « d'énormes difficultés ». Jeudi 17 mars, une minute de silence a été observée à travers tout le Japon  en mémoire des victimes du tremblement de terre et du tsunami de la semaine dernière : plus de 6 000 morts et 10 000 disparus. A Tokyo, où l'activité économique est proche de zéro, les Japonais ont le sentiment de manquer d'informations.

Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles

Les ingénieurs de la centrale de Fukushima Daiichi concèdent pour la première fois aujourd’hui que le seul moyen de prévenir une fuite radioactive majeure, la formation d’un nuage radioactif qui pourrait atteindre Tokyo, c’est peut-être d’enterrer la centrale, de la recouvrir de sable et de béton comme à Tchernobyl en 1986.

La priorité des opérateurs de la centrale reste le refroidissement des réacteurs. Et selon l’Agence internationale d’énergie atomique de Vienne (l’AIEA), la situation ne s’est pas détériorée depuis le 17 mars. Les activités de refroidissement continuent, ce qui constitue un progrès.

A proximité de la centrale de Fukushima, les survivants disent : « Nous ne recevons aucun secours, ni médicaments, ni essence, ni kérosène ». Des habitants cherchent à fuir cette région, mais ils ne savent pas où aller. Ils se plaignent que l’Etat japonais les ait abandonnés.

La vie à Tokyo est-elle bouleversée ?

A Tokyo, la vie économique est quasiment à l’arrêt ou presque. Les coupures d’électricité menacent, un blackout aussi parce qu’il fait froid et les compagnies d’électricité, qui fournissaient au Japon 18 % de toute ca capacité d’électricité, après ce séisme dans une région qui abrite onze centrales nucléaires, ont une capacité aujourd’hui insuffisante pour répondre à tous les besoins de la capitale japonaise.

L’électricité est rationnée. Dans l’immeuble où je travaille, elle a été réduite de 80 %. Beaucoup de Tokyoïtes ne parviennent pas à aller sur leur lieu de travail car, avec moins d’électricité, vous avez beaucoup moins de transports en commun.

Et cette nuit, une fois de plus, la capitale japonaise est sombre, alors que d’habitude elle est toujours illuminée. On ne sait jamais si c’est la nuit ou le jour. Et pour la première fois, on peut voir dans le ciel de Tokyo des étoiles.

Les gens ont-ils le sentiment d’être correctement informés sur ce que se passe ?

Pas réellement. Vous avez des Japonais qui ont des proches et des amis en France ou

ailleurs en Europe qui les informent sur les informations que les Européens reçoivent sur la situation réelle dans la centrale de Fukushima.

Et ces informations-là s’acheminent au Japon et les Japonais découvrent qu’il y a, entre l’Europe et le Japon, une différence de perception considérable de la gravité de la situation dans la centrale. Les autorités japonaises sont plutôt floues, peut-être pour éviter un mouvement de panique dans une capitale japonaise comme Tokyo qui recense trente-huit millions d’habitants, mais ce flou est très angoissant pour la majorité de la population.

Et maintenant, certains Japonais qui le peuvent quittent Tokyo, emboîtent le pas à ces étrangers français et autres qui se sont repliés vers Osaka. La seule différence entre les résidents étrangers du Japon et les Japonais eux-mêmes, c’est que ces derniers n’ont pas le luxe de quitter le Japon pour aller ailleurs.

 

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