Japon : de l’eau larguée par hélicoptère pour refroidir la centrale de Fukushima-Daichi

Les autorités japonaises tentent toujours de contenir les radiations s'échappant de la centrale nucléaire de Fukushima-Daichi. Des hélicoptères ont largué des milliers de litres d'eau sur les réacteurs en fusion. L'opérateur tente de rétablir une ligne électrique pour refroidir le combustible. Dans le même temps, de nombreux pays demandent à leurs ressortissants de s'éloigner le plus possible de la zone, voire de quitter le Japon. Tokyo livre un nouveau bilan du séisme et du tsunami : 5 178 morts et 8 606 disparus. Des millions de personnes sont toujours privées d'eau et d'électricité. 80 000 soldats et policiers poursuivent leurs opérations de secours, opérations ralenties par le froid et les chutes de neige. 

Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles

Pour la première fois depuis l’arrêt de la centrale nucléaire Fukushima-Daichi, de la surchauffe de ses réacteurs, de la possibilité d’une fusion du cœur d’un de ses réacteurs, l’armée japonaise a utilisé des hélicoptères de type Tchinouk pour déverser ce 17 mars  environ 30 000 litres d’eau sur les réacteurs 3 et 4. L’objectif est aussi de remplir la piscine de combustibles âgés qui servent à refroidir la centrale, à remplir cette piscine du réacteur n°4 qui était endommagé par deux incendies déjà, avec l’aide d’eau déversée, du haut d’hélicoptères. Une opération dont personne ne sait si elle a réussi.

D’abord parce la veille, les pilotes d’hélicoptères n’ont pas pu décoller compte tenu du niveau très élevé de radioactivité. Les hélicoptères ne sont pas non plus protégés contre les radiations. Autre possibilité que vont tenter de réaliser les opérateurs de la centrale, c’est d’utiliser des canaux à eau des pompiers japonais. Tout cela relève du bricolage.

Pour l’instant, il difficile de savoir à quelle dose de radiation les populations sont exposées. On en est réduit à faire des estimations, à partir des données météo mais surtout en fonction de l’endroit où les gens se trouvent. La radioactivité est bien évidemment bien plus forte au coeur des centrales, là où travaille le personnel japonais qui tente de contenir les radiations. Selon Patrick Gourmelon, directeur de la protection de l’homme à l’IRSN, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, le risque pour leur santé est désormais très élevé.

Héros ou sacrifiés

Ce personnel travaillant au plus proche des radiations était appelé liquidateur durant la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, en 1986, en Ukraine. Les spécialistes parlent d'experts, évoquent même des comportements héroïques. Il sont une centaine à la centrale de Fukushima, peut-être trois cents au maximum, qui cherchent à prévenir une fusion du cœur de ses réacteurs ou la formation d’un nuage radioactif. C’est un très petit nombre.

Ces employés sont exposés parfois à des niveaux de radiation dix mille fois plus élevés que la normale. Ils doivent souvent évacuer les salles contenant les réacteurs. Et ce ne sont pas toujours les employés les plus qualifiés pour faire face à une situation très dangereuse.

Mais au Japon, la population japonaise ne les voit pas comme des héros, parce que ce sont des employés qui sont sacrifiés par l’opérateur Tepco. Tepco, c’est une grande compagnie d’électricité liée à l’Etat qui ici, a peut-être plus de pouvoir que le Premier ministre japonais Naoto Kan.

Elle a une longue histoire d’incidents dissimulés dans ces centrales nucléaires, de falsifications de rapports d’accidents qui ont mené à une ou deux occasions à la mort de plusieurs de ses employés qui ont été irradiés. Et aujourd’hui, Tepco n’hésite pas une fois de plus à sacrifier ses employés en les soumettant à des conditions de travail qui mettent en jeu leur vie.

Les liquidateurs de Tchernobyl ont été aussi dans le même cas. Ce sont des survivants. En même temps, certains de ces liquidateurs de Tchernobyl, ces techniciens qui ont réussi à maîtriser la situation à l’époque, sont aujourd’hui au Japon et fournissent leurs neurones, leur savoir aux autorités japonaises.

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