Le Japon lutte pour éviter un accident nucléaire majeur

Deux nouvelles explosions se sont produites au niveau du réacteur numero 3 de la centrale de Daichi-Fukushima 1 ce lundi matin 14 mars 2011. Il y aurait plusieurs blessés mais selon la compagnie d'électricité qui exploite le site, le réacteur aurait résisté. Le point sur les tous derniers développements des effets du séisme et du tsunami du vendredi 11 mars, à commencer par les risques nucléaires, alors que les répliques se font toujours sentir.

Ce week-end une première explosion a libéré une pollution radioactive et ce lundi matin le même scénario s'est déroulé sur un autre réacteur. Cela prouve que la situation est encore loin d'être maitrisée.

Les informations très contrôlées par les autorités et les exploitants, arrivent de manière éparse et prêtent le flan à de nombreuses interprétations sur la gravité de la situation, qui est soit fortement soulignée par les antinucléaires, soit minimisée dans ses conséquences par les acteurs de cette filière.

D'autre part cette crise nucléaire majeure, résultat du très violent séisme qui a touché cette zone et du tsunami qui s'en est suivi, est évolutive en raison des répliques du séisme qui peuvent avoir des impacts importants sur des sites déjà en mauvais état.

Quelle est la nature de cette crise ?

Conformément aux procédures de sécurité sismique japonaise, 14 des 54 réacteurs nucléaires du pays se sont arrêtés automatiquement durant le séisme. Mais arrêter une centrale nucléaire cela prend du temps et il faut pouvoir disposer d'un système de refroidissement opérationnel pour que les conditions de sécurité soient satisfaisantes.

Car si on n’arrive pas à refroidir, la température continue à monter et fait fondre les matériaux autour du cœur du réacteur. C'est le pire scénario pour une centrale car la fusion provoque à terme une dispersion des matières radioactives à l'extérieur dans l’environnement.

C’est précisément ce qui est en train de se passer : sur ces 14 réacteurs regroupés sur quatre centrales, certains ont leur système de refroidissement défaillant depuis vendredi. La situation n’est toujours pas maîtrisée : il y a déjà eu à plusieurs reprises largage de produits radioactifs à l’extérieur des sites et l’on a déjà procédé à l’évacuation de 215 000 personnes.

Quelle est la situation sur ces quatre centrales ?

Deux réacteurs auraient déjà fondu : le n°1 et le n°3 de la centrale de Fukushima Daichi en qui en comporte six. Le réacteur n°1, samedi, et le n°3, ce lundi, ont subi une explosion de leur enceinte extérieure sous l'effet de la pression et cela a provoqué la libération de matières radioactives à l'extérieur. Mais pour ces deux réacteurs les enceintes de confinement seraient toujours étanches. Le réacteur n° 2 suscité également des inquiétudes : on tente de le refroidir à l’eau de mer mais pour l’instant sans succès.

Nous n’avons pas d’information particulière sur les quatre réacteurs de Fukushima Daini. Par contre Onagawa, qui a subi un incendie, a été déclarée dimanche par l'exploitant en état d’urgence. D’après l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) ces trois réacteurs seraient sous contrôle, mais le site connaît une radioactivité anormale qui pourrait être provoquée par la centrale voisine. Une enquête est en cours.

Et enfin le système de refroidissement de la centrale de Tokai, qui se trouve à quelques dizaines de km de Tokyo, se serait arrêté.

Communication et contradictions

Pourtant l'Agence atomique internationale continue de publier des informations rassurantes, déclarant notamment que les niveaux de radioactivité sont normaux et que les niveaux d'eau de refroidissement dans les quatre unités de la centrale de Fukushima sont stables.

Cela n'a pourtant pas l'air aussi simple. La VIIe Flotte américaine qui a déployé le porte-avions Ronald-Reagan et son escorte au large de Fukushima annonce que, finalement, elle va se repositionner ailleurs. La VIIe Flotte indique qu'elle a détecté un faible taux de radiations venant d'un nuage radioactif en provenance de la centrale. Les bâtiments croisaient à environ 160 kms au large de la côte et ils vont donc se positionner de manière à ne plus recevoir les effluves radioactives terrestres.

Enfin, au chapitre des mauvaises nouvelles, le ministre français de l'Industrie et de l'Energie estime lui-même qu'on ne peut pas écarter le scénario d'une catastrophe nucléaire. Venant d'un pays comme la France, qui dispose elle aussi d'une cinquantaine de réacteurs sur son territoire, c'est une déclaration qui pèse.

 

 

Partager :