C'est un limogeage brutal et avec effet immédiat, adressé par le directeur de la banque centrale du Bangladesh, survenu ce mercredi 2 mars. L'État bangladais, actionnaire minoritaire de la Grameen Bank, a trouvé dans les statuts de l'institution un article du règlement intérieur permettant la mise à la retraite d'office de Muhammad Yunus.
En vertu de cette clause, à 70 ans, le Prix Nobel de la paix est frappé par la limite d'âge, et il est donc écarté de la direction générale de la banque.
Mais « le banquier des pauvres » ne l'entend pas ainsi. Soutenu par son équipe, il va consulter une batterie d'avocats et engager une procédure et déclare qu'il restera à son poste en attendant la fin de la procédure.
Une tentative de déstabilisation
Évidemment, l'âge du «capitaine» n'est certainement qu'un artifice pour le débarquer du navire. Muhammad Yunus est devenu particulièrement énervant lorsqu'il s'est mis à dénoncer la vénalité de la classe politique de son pays et a menacé de créer son propre parti.
La chef du gouvernement, Cheikh Hasina, en a fait une affaire personnelle et multiplie depuis quelques mois les attaques contre le banquier. Il s'agit donc vraisemblablement d'une nouvelle étape dans le processus de déstabilisation du patron de la Grameen Bank.
Si ce dernier ne manque pas de soutiens, il ne manque pas de détracteurs non plus. Le principal reproche fait à sa célèbre invention est que même le microcrédit peut conduire les plus modestes au sur-endettement.