Le simple fait que les deux parties aient accepté le principe d'une intervention extérieure est déjà, incontestablement, un signe d'apaisement car il y a une semaine encore, on en était loin. Les deux armées étaient face-à-face : en quelques jours, il y avait eu 11 morts, des dizaines de blessés et des milliers de déplacés dans la zone de Preah Vihear. Le Cambodge voulait porter l'affaire devant les instances internationales, la Thaïlande exigeait l'ouverture de négociations bilatérales. Pnom Penh en appelait à l'ONU, Bangkok ne voulait pas en entendre parler.
Embarrassée et inquiète, l'ONU se tournait vers l'Asean. L'Asean, actuellement présidée par l'Indonésie, dépêchait sur place son ministre des Affaires étrangères et convoquait donc huit jours plus tard cette réunion informelle et urgente sur ce conflit qui menace deux de ses principaux Etats-membres.
En même temps que cette initiative éloigne, au moins provisoirement, le spectre du conflit, c'est donc un succès pour l'Asean. C'est une organisation sous-régionale à vocation économique qui a pris tardivement conscience qu'elle devait élargir son champ de compétence pour renforcer sa légitimité. Et, sans préjuger de la suite des événements, c'est précisément ce qui s'est passé ce mardi 22 février à Jakarta où elle s'est imposée comme une organisation capable d'intervenir aussi dans le registre diplomatique.